«On me donne quoi si je vote ?». La question revient comme un leitmotiv. A la veille des élections législatives, le désintérêt des citoyens pour le scrutin est toujours de mise. Et ce n'est pas le discours prononcé mardi à Sétif par le président de la République qui changera la donne.«Je ne connais personne et je ne vais pas voter», dit Ahmed, un jeune chauffeur de taxi rencontré rue Hassiba- Ben Bouali à Alger. Lui, comme beaucoup de concitoyens, a une autre préoccupation : il ne sait pas si, le jour des élections, il aura suffisamment de clients. «Je vais sortir le matin et jauger la clientèle. S'il n'y a pas de monde, je rentre à la maison», dit-il avec une pointe d'incertitude. Mais pourquoi ne vote-t-il pas ? «S'ils me donnent de l'argent pour pouvoir payer mes dettes, eux qui vont gagner des millions, à ce moment là j'irai voter», dit-il sèchement. Comme Ahmed, nombreux sont les citoyens qui tiennent ce discours défaitiste. C'est le cas de ce quinquagénaire rencontré aux alentours de la Grande-Poste, au centre d'Alger. Devant des panneaux d'affichage des listes électorales, notre interlocuteur profère des insanités sur les hommes politiques. «D'où sont-ils venus ?», s'est-il interrogé. Et lorsqu'on lui demande s'il ira voter, la réponse est cinglante : «Mais cela fait 50 ans qu'ils pillent le pays. En plus de cela, je ne connait personne», dit-il. Par contre, d'autres citoyens semblent être convaincus par le discours officiel. Aïcha, la cinquantaine, est sûre d'aller voter. Cette fonctionnaire ne «connaît aucun parti», mais elle se dit «disposée à participer à la sortie de crise». Quitte à voter blanc. C'est également le cas de Noureddine. Ce retraité de 60 ans, qui habite les hauteurs d'Alger, indique qu'il vote «pour empêcher toute intervention étrangère». L'homme a connu plusieurs périodes de la vie du pays. Il se dit même déçu des politiques suivies. Mais, cette fois-ci, le discours officiel l'a convaincu. Entre les uns et les autres, le verdict des urnes est plus sûr. En attendant, Alger vit au rythme des jours normaux ; circulation automobile dense, cafés et boutiques toujours remplis, bruit assourdissant qui provient de partout et la pollution aggravée par les affiches collées un peu partout dans la ville. A. B.