Photo : Riad Par Hasna Yacoub La campagne électorale pour les législatives du 10 mai prochain, prend fin demain. Pendant vingt et un jours, les partis politiques et leurs candidats en lice ont tenté de «draguer» les électeurs algériens en leur promettant monts et merveilles. A une exception près, l'ensemble des formations politiques ont assuré aux Algériens qu'au bout de leur vote, il y aura le changement, le développement et la démocratie. Certaines ont même fait brandir la menace islamiste pour convaincre les gens à participer au prochain scrutin. Le président de la République, en personne, a demandé aux Algériens de faire du 10 mai prochain, un jour aussi mémorable que celui du 1er Novembre 1954 !Mais est-ce que cela va suffire pour éviter l'abstention qui menace la crédibilité du prochain scrutin. Personne ne peut se prononcer sur la question même s'il est vrai que durant trois semaines, la campagne électorale n'a pas suscité l'intérêt escompté : les meetings électoraux n'ont pas drainé grande foule, sur les panneaux d'affichage des graffitis rappellent la cherté de la vie et dans les cafés, les discussions portent sur l'actualité en France, en Syrie ou encore sur le football. Pour connaître l'avis d'un citoyen sur le prochain scrutin, il faut évoquer l'événement. Certains sont catégoriques : «Je ne voterai pas pour que d'autres s'enrichissent … Je ne voterai pas parce que c'est toujours les mêmes et rien ne va changer…A quoi cela va-t-il me servir ? A faire baisser le prix de la pomme de terre qui a atteint le prix des bananes ?... Ils sont tous des menteurs, une fois élus, ils ne se rappelleront plus de nous jusqu'au prochain scrutin.» D'autres, aussi catégoriques que les premiers, affirment qu'ils vont s'exprimer le jour du vote : «J'irai voter, c'est un devoir et je refuse que ma voix soit détournée…Je voterai pour le changement, pour une Algérie démocrate.» Une troisième catégorie de citoyens, dit avoir pris conscience des enjeux du prochain scrutin et de l'importance de la prochaine Assemblée populaire nationale (APN) : «Les prochains députés devront voter la révision de la Constitution, loi suprême du pays. Il est impératif donc de faire le bon choix de nos représentants sur cette question... Même si on ne s'attend pas à un réel changement, je pense que voter le 10 mai prochain va au moins permettre d'éviter de revivre la décennie rouge vécue par l'Algérie… Je voterai pour faire barrage aux islamistes et assurer à mes enfants une Constitution qui leur garantit un minimum de libertés.»Dans l'Algérie d'aujourd'hui, il est donc impossible de se prononcer avec certitude sur le comportement des Algériens vis-à-vis du prochain scrutin même si la campagne n'a pas intéressé grand monde et qu'elle n'a pas pris en compte les préoccupations quotidiennes des électeurs. Reste quand même une référence : le taux de participation aux élections législatives de 2007. Le taux de 2007 qui n'a pas dépassé les 35% va-t-il être atteint en 2012 ? Comme simple observateur, il est permis de douter à la fin de cette campagne électorale. Car les discours servis aux citoyens ne semblaient nullement respecter «l'intelligence» de l'électeur algérien. Des candidats ont promis d'éliminer la pauvreté en une année, d'offrir trois millions de postes d'emploi ou encore d'accorder une prime aux jeunes qui veulent se marier… Ces candidats pensent-ils réellement que le simple citoyen ne discerne pas entre le rôle d'un député et leurs promesses farfelus ? Ces candidats considèrent-ils le citoyen stupide au point de lui faire miroiter des choses qui ne peuvent même pas être réalisées avec le pouvoir magique de la bague de Salomon ? En fait, tant que les candidats n'ont pas compris que seul un discours rationnel et sensé, appuyé par un engagement sincère et effectif d'un candidat, pourra attirer le jeune et le moins jeune, le taux du scrutin risque de ne pas changer.