Le football algérien est-il en marge de la crise financière internationale ? Tout porte à le croire et affirmer le contraire serait tout bonnement faire preuve de prétention. Pour qu'il y ait crise, eût-il fallu qu'il ait existé une organisation ordonnée de la compétition, une gestion saine, une stabilité des institutions. Or, exception faite des subventions que l'Etat verse aux associations sportives, le reste des entrées financières est frappé d'opacité totale, tant sur son origine que sur sa destination. Il est de notoriété publique que les bilans de fin d'année, avalisés par l'assemblée générale, ne sont que des documents vides de sens et de consistance que l'administration s'empresse de confirmer pour éviter remous et onde de choc. Alors est-il besoin de rappeler justement que l'onde de choc qui balaie le monde et frappe de plein fouet le football mondial, notamment européen, ne peut, dans l'immédiat, que se cantonner dans l'espace précédemment évoqué. Bien entendu, des retombées ne sont pas à exclure sur le continent africain eu égard au nombre impressionnant de joueurs qui évoluent dans les différentes compétitions du vieux continent. L'influence de la crise sur le football européen a été très vite remarquée en Angleterre au sein du club de Westham, dont la direction s'est trouvée dans l'obligation de mettre au chômage presque la moitié de l'effectif. Mais ce qui a touché ce club n'est pas forcément une vérité vraie applicable au reste des clubs, même si cet exemple bien réel va faire autorité et conduire, à l'évidence, ceux qui n'ont pas encore été touchés à plus de circonspection dans leur gestion. Nous avons évoqué l'onde de choc et celle-ci est de plus en plus visible dans le cas de Westham parce que la crise de ce club n'est en fait que l'expression d'une plus grave crise qui a laminé l'Islande. La relation de cause à effet coule de source. L'Islande est l'un des pays d'Europe, malgré une population très réduite (320 000 habitants seulement) et une croissance exceptionnelle au cours de ces dix dernières années, à s'être le premier effondré au début de la crise. Le système bancaire en place ne résistant pas à la bourrasque. Or, Westham dépend en grande partie de l'une de ces banques, en ce sens que son propriétaire, en l'occurrence Björgolfur Gudmundsson, est le président et le principal actionnaire de la Bank Landsbanki (nationalisée), deuxième organisme financier le plus important de l'île. L'un des analystes les plus rompus à l'économie du football n'affiche pas grand optimisme face à la situation, d'autant que les patrons des fédérations nationales, notamment anglaise et le secrétaire général de l'UEFA, n'hésitent pas à concéder pour le premier que «le football anglais était endetté d'environ quatre milliards d'euros» alors que le second renchérissait sur «le risque de voir, au risque de leur surendettement, certains clubs exclus des compétitions européennes». C'est dire l'état de décrépitude qui règne dans des championnats jusque-là connus seulement pour l'aspect fastueux, le bizness, les salaires mirobolants des stars, le règne des agents de joueurs, et, quelque part, un blanchiment d'argent à travers l'achat de grands clubs européens, pratiques vers lesquelles ni l'UEFA et, encore moins, la FIFA, n'osent y regarder de plus près. Histoire de préserver de gros intérêts et entretenir des équilibres. Mais, quoi qu'il en soit, les différents championnats européens ne seront pas pour autant perturbés. Certaines dispositions vont être revues, à l'image des transactions financières lors des recrutements ou transferts de joueurs, et, très certainement, les principaux responsables vont continuer à investir en mettant à profit la crise pour ramener le football à des normes plus humaines et à une gestion orthodoxe.