La position des partis tranche avec la fausse sérénité qu'affichent les officiels algériens et manifestent leur crainte. La crise financière mondiale réunit les partis politiques qui viennent de trancher, ce week-end, avec la fausse sérénité qu'affichent les officiels algériens. La place n'est plus à l'optimisme «inconscient». Ainsi, la classe politique nationale se saisit du sujet après des semaines de mutisme. La crise aura-t-elle des conséquences néfastes sur l'économie nationale? Cette dernière est-elle à l'abri? Ce sont autant de questions soulevées par les partis politiques durant ce week-end lors des meetings qu'ils ont animés. Dans une conférence de presse tenue mercredi dernier, Bouguerra Soltani, le président du MSP, a mis en doute toutes les déclarations des responsables officiels algériens concernant l'impact de la crise financière mondiale sur l'Algérie. «Tout ce que disent les responsables officiels est faux. Il est difficile de croire que l'Algérie n'est pas et ne sera pas touchée par les conséquences de la crise qui a ébranlé tout le système financier américain et mondial». La situation, selon lui, est trop grave. Comme solution, le président du MSP propose aux pouvoirs publics d'adopter le système bancaire islamique en Algérie. «C'est un système que nous n'avons pas encore mis en application chez nous. Je pense que l'occasion se présente pour le connaître mieux et surtout pour le généraliser», a-t-il indiqué. De son côté, le président du Front national algérien (FNA) qui a rassemblé ses élus d'Alger jeudi dernier, n'a pas manqué d'évoquer les répercussions de la crise financière mondiale. «Si cette dernière n'a pas eu d'impact sur l'Algérie, c'est que notre pays ne dispose pas d'une structure économique et compte toujours sur les recettes du pétrole», a affirmé Moussa Touati, président du Front. Le mouvement En Nahda a tenu, jeudi à Alger, la 1re session ordinaire de son conseil consultatif national. Il a abordé au passage la crise financière. M.Rebaïe, l'ex-secrétaire général du mouvement, s'est interrogé sur «l'avenir des fonds algériens déposés auprès des banques étrangères». Ce responsable a appelé à une augmentation des salaires, qu'il considère comme une «nécessité pour pallier la baisse du pouvoir d'achat, d'une part, et contrecarrer les répercussions de la crise financière mondiale, d'autre part». Le mouvement a appelé à «davantage de transparence dans la gestion des ressources du pays qu'il s'agisse de fiscalité ou de change», rappelle M.Rebaïe. Le Front des forces socialistes (FFS) qui entame à partir de fin octobre l'organisation de 15 congrès régionaux, se dit préoccupé par la crise qui secoue le système financier international et laquelle «aura des conséquences inévitables sur le pays». Aux propos rassurants des responsables du pays, Karim Tabbou n'y croit pas. Pour lui «aucun officiel ni aucun autre responsable ne peut rassurer personne». Il considère, dans ce contexte, que l'absence d'«un vrai débat» sur la question de la crise financière ne fait qu'augmenter les incertitudes. Du côté du Parti des travailleurs (PT), sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, a plaidé, jeudi dernier, à Alger, pour un «véritable dialogue sur la crise financière mondiale». Elle a estimé que «s'il y a un impact sur l'Europe et les Etats-Unis, il y aura immédiatement des retombées sur nous, y compris sur notre pouvoir d'achat». Mme Hanoune propose d'ouvrir «un vrai débat notamment à la télévision et à l'APN (...) pour dégager toutes les mesures idoines afin de prémunir réellement notre pays». Ces débats et ces séances extraordinaires de l'APN consacrées à la crise financière mondiale, selon la secrétaire générale du PT, vont «corriger toutes les décisions qui ont constitué des obstacles à un véritable développement de notre économie, y compris le développement humain». Le vieux parti, quant à lui, a organisé, jeudi dernier, un forum intellectuel traitant les causes et les retombées de la crise financière mondiale. Selon ce panel de spécialistes, l'Algérie est moins exposée à la crise car «elle n'est pas liée directement aux marchés financiers». Elle est «dans une situation encourageante et plus confortable et ce, grâce au remboursement par l'Algérie de sa dette extérieure et de sa gestion des épargnes de la nation», a déclaré le secrétaire général du parti, M.Abdelaziz Belkhadem. Concernant les conséquences de la crise sur l'Algérie, M.Belkhadem a estimé que «grâce à une gestion prudente de nos épargnes, notre pays sera à l'abri des conséquences de cette crise».