Le département de psychologie du pôle universitaire de Tamda à l'université de Tizi Ouzou, a organisé récemment deux journées d'étude de haut niveau sous le thème «comprendre l'autisme» à travers une série de communications soutenues par d'imminents intervenants enseignants chercheurs et praticiens (pédopsychiatres, psychologues, orthophonistes, etc.), et la participation excellente d'un célèbre spécialiste français de l'autisme de haut niveau comme invité d'honneur, le docteur en philosophie et sciences sociales (Paris), M. Josef Schovanec, qui a apporté beaucoup durant ces deux journées. A travers des éclairages scientifiques, appuyés par des exemples émouvants, les étudiants ont pu avoir une vue très claire sur l'autisme et sur la perception de l'autisme de type Asperger. Les intervenants et les parents ont évoqué l'absence de structures adaptées pour la prise en charge de ces enfants, notamment au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Cet exemple est d'autant plus frappant que pour une population qui avoisine un million d'habitants, il n'y a qu'un centre médico-pédagogique pour inadaptés mentaux, situé à Boukhalfa, et qui accueille tous les enfants souffrant de différents handicaps (trisomiques, autistes, ….)Les encadreurs des centres de prise en charge des handicapés et notamment les autistes, intervenant à l'occasion de ces journées, ont déploré l'absence de moyens appropriés vu que l'autisme nécessite une prise en charge pluridisciplinaire, une raison qui fait qu'ils ne peuvent malheureusement pas répondre à toutes les demandes. A ces difficultés de prise en charge s'ajoute la difficile pour ne pas l'impossible adaptation des autistes dans le milieu scolaire, malgré leurs capacités intellectuelles supérieures dans certains domaines d'acquisition tels que les mathématiques, l'informatique et bien d'autres disciplines encore, contrairement à d'autres handicapés comme les sourds, les trisomiques. A signaler que les enfants présentant un trouble envahissant du développement ont en commun des limitations sur le plan langagier, social et comportemental qui sont caractéristiques de l'autisme. Les causes de l'autisme restent mystérieuses, bien que quelques hypothèses aient, néanmoins, été avancées. On croit que l'autisme pourrait être lié à des facteurs génétiques, biologiques et environnementaux, et/ou à une anomalie cérébrale. L'autisme n'est donc pas une maladie mentale, mais une déficience, un handicap. Selon Josef Schovanec « l'autisme est une différence et non point une maladie ou trouble ».Les taux de prévalence des troubles du spectre autistique ne cessent d'augmenter. Aux Etats-Unis, un enfant sur 88 est autiste, en France, un enfant sur 100 est autiste, et en Algérie certaines statistiques font état de 65 000 adolescents autistes ; est-ce donc une épidémie ? L'absence de centres de diagnostic de l'autisme en Algérie, ainsi que de moyens adéquats nous poussent à suspecter un nombre beaucoup plus important d'autistes dans notre pays. Il est à noter que des films didactiques ont été projetés pour une meilleure compréhension du handicap de l'autisme, et ce qui a attiré l'attention de l'assistance est ce petit reportage qui montre qu'Einstein, Beethoven, Van Gogh, Handel et bien d'autres étaient autistes de haut niveau.L'autre éminent pédopsychiatre ayant pris part à ces journées scientifiques, Dr Nouagfel ,professeur à l'université de Monastir (Tunisie) spécialiste de l'autisme, a abordé l'autisme sous tous ses aspects, de sa définition au diagnostic clinique jusqu'à sa prise en charge. Quant aux communicants nationaux, à l'instar de Mlle Yasmina Ouerk, orthophoniste et enseignante chercheur dans le domaine de l'autisme de l'université de Tizi Ouzou, ils ont abordé toutes les facettes de l'autisme, allant du diagnostic à l'évaluation en passant par la communication chez les autistes, l'autisme et orthophonie, les méthodes de prise en charge jusqu'à la situation difficile des autistes en Algérie. La prise en charge du spectre de l'autisme nécessite, selon tous les intervenants, la mise à disposition des moyens adéquats au dépistage, au diagnostic et au suivi.La première journée du séminaire a été exclusivement consacrée aux thèmes didactiques car destinée en primauté aux étudiants. Quant à la seconde journée, elle a été consacrée au débat en présence des parents d'enfants atteints d'autisme, et durant laquelle des témoignages poignants des parents en détresse ont marqué l'assistance. Néanmoins, la présence de Josef Schovanec a permis aux parents d'avoir de l'espoir concernant l'avenir de leurs enfants. L'exemple d'un autiste dénommé Josef qui a effectué des études universitaires poussées malgré son handicap et qui a réussi dans le domaine professionnel a suscité un intérêt particulier. Et beaucoup d'espoir. Les intervenants et les parents ont évoqué l'absence de structures adaptées pour la prise en charge de ces enfants dans plusieurs régions du pays, à l'exemple de la wilaya de Tizi Ouzou. Cet exemple est frappant de par le fait que pour une population qui avoisine un million d'habitants, il n'y a qu'un centre médico-pédagogique pour inadaptés mentaux situé à Boukhalfa qui accueille tous les enfants souffrant de différents handicaps (trisomiques, autistes, ….). Selon un responsable du centre de Boukhalfa, «il nous est impossible de prendre en charge tous les enfants autistes, car il faut noter qu'ils deviennent lourds quand ils sont aussi touchés par des maladies associées. Notre vocation première n'est pas orientée vers l'autisme et quand ils sont dirigés vers notre établissement, nous les mettons en instance, car nous ne disposons pas de moyens appropriés et vu que l'autisme nécessite une prise en charge pluridisciplinaire, nous ne pouvons répondre à toutes les demandes». Il a été noté que les sourds, les trisomiques se sont adaptés en milieu scolaire de manière presque ordinaire et pas les enfants autistes malgré leurs capacités intellectuelles supérieures dans certains domaines d'acquisition tels que les mathématiques, l'informatique et bien d'autres disciplines. Yasmina Ouerk a réuni des praticiens de différentes spécialités pour les encourager à établir un travail de collaboration et de partenariat afin d'assurer une meilleure prise en charge pluridisciplinaire pour les enfants autistes. Selon Melle Ouerk «Il impératif qu'il y ait une ouverture de l'université vers les services de soins car la bonne formation des étudiants, futurs praticiens orthophonistes, psychologues ou autres doit être complétée sur le terrain clinique».A la fin du séminaire, l'équipe des intervenants en compagnie de Josef Schovanec a effectué une sortie sur le terrain, dans un établissement de la petite enfance pour voir la situation des enfants autistes de plus près. Enfin, il a été envisagé la création d'une association qui regroupera les spécialistes et les parents d'enfants autistes pour remédier à ce mal lourd qui ronge notre société. R. S.
Ce qu'il faut savoir L'autisme, une maladie énigmatique que le grand public ne connaît pas beaucoup. D'ailleurs, les signes de l'autisme sont encore ignorés par de nombreux parents. Pourtant, de la précocité du dépistage dépend l'efficacité de la prise en charge. Il faut savoir que l'autisme est un trouble du comportement qui se manifeste par une inadaptation à l'environnement social et familial et une impossibilité à communiquer avec son entourage. Ce trouble est un gros handicap et a de lourdes conséquences tant sur le plan familial que social et professionnel. Plus tôt les signes sont identifiés, meilleur sera le suivi. En effet, s'il n'existe pas de traitement de l'autisme, un encadrement personnalisé permet souvent d'améliorer les symptômes et la qualité de vie. Toutefois, la prise en charge de l'autisme demeure particulièrement insuffisante en Algérie. On déplore notamment les manques de moyens et de structures spécialisées. Il est bon de noter que la maladie apparaît tôt dans l'enfance, avant 3 ans. Selon les professionnels en psychologie, «les signes de l'autisme sont extrêmement variables d'un individu à un autre. Il s'agit globalement d'un enfant avec qui on ne peut pas entrer en contact, qui est dans sa bulle, qui semble indifférent au monde extérieur, qui ne parle pas ou mal, répétant inlassablement les mêmes gestes : tourner la tête, bouger les mains, se balancer... Ce sont aussi des enfants anxieux. Ils ont une grande difficulté à se représenter leur corps dans l'espace», explique-t-on. Certains enfants ont un retard mental important, d'autres ont une intelligence normale, ou sub-normale. Ces enfants ont besoin d'être rassurés, d'être dans un environnement stable et de bénéficier d'une prise en charge pluridisciplinaire.