Photo : Riad Par Samira Imadalou Au moment où les assurances se multiplient quant à un approvisionnement normal en viandes durant le Ramadhan les consommateurs lancent une campagne de boycott des viandes rouges. C'est la première fois qu'une telle campagne est lancée, pour protester contre la hausse vertigineuse des viandes. Une hausse à laquelle se sont habitués les consommateurs, dont certains ont été forcés à suivre un régime végétarien. En effet, le sommet atteint par les prix des viandes a poussé de nombreuses familles algériennes à effacer cette riche source de protéines de leurs listes de courses, se contentant de remplacer les viandes rouges par d'autres produits. Cette fois, les consommateurs ont enfin décidé de passer à l'action, par le biais de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), initiatrice de l'appel au boycott, considéré comme une manière de faire pression sur les acteurs impliqués dans la filière viandes, pour assurer une régulation du marché et diminuer, par ricochet, les prix. Lesquels ont dépassé les 1 200 dinars le kilo pour l'agneau, contre 900 à 1 300 dinars le kilo pour la viande bovine. Le dernier bilan de l'Office nationale des statistiques le montre clairement. Les prix de la viandes de mouton ont augmenté de 31,23%, au premier trimestre 2012, contre 21,2% pour les œufs et 9,17%, pour les poissons frais. La sardine est, d'ailleurs, toujours vendue au dessus de 400 dinars le kilo.Ces viandes sont, de surcroît, vendues dans des conditions d'hygiène lamentables. Cette campagne sera lancée à la fin du mois de mai et se poursuivra jusqu'au mois de Ramadhan, une période durant laquelle la consommation des viandes augmente sensiblement. Une période marquée également par une forte spéculation sur le marché des viandes, légumes et fruits. L'action, qui vise à construire un front des consommateurs, vient rappeler les initiatives lancées après les dernières augmentations des prix des légumes et fruits, particulièrement de la pomme de terre. Elle gagnerait à être généralisée à d'autres produits et à prendre en considération l'absence d'hygiène dans nos marchés. Il y a lieu, surtout, de sensibiliser autour de cette campagne. Car, faut-il le rappeler, des actions similaires ont été lancées, sans pour autant avoir un grand écho, faute d'information. En l'absence d'un système de régulation efficace et d'une organisation fiable des filières agricoles, le marché reste exposé aux pratiques spéculatrices. Face à cette situation, les pouvoirs publics ne font que promettre d'assurer la disponibilité des produits, objet de cette spéculation, pour apaiser la tension. Ils le font à chaque occasion, en optant pour des solutions conjoncturelles, par exemple pour l'importation. L'on se rappelle de l'épisode de la viande achetée d'Inde et de toute la campagne de publicité dont a bénéficié cette opération, qui n'a finalement rien changé à la situation du marché des viandes.