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Les ksour, un patrimoine en déliquescence
Mal restaurés ou livrés à l'abandon total
Publié dans La Tribune le 16 - 05 - 2012


Photo : S. Zoheir
Par Reda Cadi
Concentrés dans les régions du Touat, Gourara, Tadmaït, Saoura et Tidikelt, les ksour, dont les plus anciens remontent à 15 siècles environ, représentent le modèle architectural de l'habitat saharien. Construits en matériaux locaux, terre et bois, ils ont survécu aux différents déchaînements des éléments de la nature, mais pas au développement et aux changements sociaux économiques. Avec la construction des villes modernes (Béchar, Taghit, Adrar, In Salah, Timimoun, El Goléa, Ghardaïa), les ksour seront désertés par leurs occupants qui ne s'occupent plus de l'entretien des maisons. Dès lors, la disparition menace ces habitats.Et il aura fallu attendre les années 2000 pour voir poindre un intérêt pour la préservation de ce patrimoine. «Les routes des ksour», un projet du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en collaboration avec l'Etat algérien, consacrera, en 2004, une enveloppe financière de 2 millions de dollars pour la restauration de certains ksour et leur résurrection socio-économique. Le projet visait la sauvegarde des ksour en tant que patrimoine matériel et la relance de l'activité en leur sein. Les sites d'intervention choisis pour ce programme étaient les wilayas de Béchar (Taghit et Béni Abbès), Adrar (Timimoun et Aghlad) et Ghardaïa (El Atteuf). Au terme de ce programme de 3 ans, 22 habitations traditionnelles devaient être réhabilitées en structures d'accueil et attractions touristiques et plusieurs centaines de jeunes formés dans les domaines des énergies propres, de l'assainissement écologique et à la construction et la réhabilitation du patrimoine matériel, selon le rapport de l'institution. Mais «Les routes des ksour» n'iront pas jusqu'au bout de leur chemin. Le projet sera interrompu dans certaines régions, comme Taghit, car les procédés et matériaux de restauration utilisés n'étaient pas conformes aux normes des constructions en terre.De son côté, le ministère de la Culture est passé à l'action avec le classement et la restauration de six ksour, considérés représentatifs du patrimoine historique, architectural, culturel ou naturel de l'Algérie. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, dans le cadre de la relance de l'agriculture vivrière, a également pris en charge la restauration de quelques ksour pour inciter les anciens habitants à y revenir et développer l'agriculture vivrière.

Massacrer en restaurant
Mais en dehors de ces ksour «chanceux», des centaines d'autres dépérissent, certains ont totalement disparus ne laissant à leur place que quelques murets en toub qui disent qu'ils ont un jour existés. Le plus navrant est de savoir que, finalement, même ceux qui ont été restaurés ne sont pas pour autant sauvés. Des spécialistes locaux soutiennent que les ksour du Sud nécessitent une restauration globale qui devra être menée et encadrée par des architectes et ouvriers spécialisés, en collaboration avec la population locale. Architecte ayant travaillé au service technique de l'APC de Taghit, près de Béchar, de 2002 à 2010, Abdelwahab Arabaoui dénonce le procédé de restauration adopté en 2002. L'architecte, dira que ce procédé a «ignoré les travaux de recherche d'architectes indépendants lors de l'élaboration des cahiers des charges». A cela s'ajoute la «non conformité» des matériaux utilisés ainsi que la «mise à l'écart des propriétaires» du ksar, qui ont disqualifié le procédé dont les limites ont été clairement démontrées lors des crues de 2008. Interrogé sur la nature de ses travaux, l'architecte dévoile des plans de l'état initial du vieux ksar, établis par le groupe de recherche indépendant Mita dont il fait partie. Le cahier des charges élaboré par ces architectes décrivait «minutieusement» les procédés de préparation de l'argile et des troncs de palmiers utilisés dans la construction pour faire face aux conditions climatiques de la région et garder une température agréable à l'intérieur des maisons du ksar. L'étude insiste également sur le cachet architectural berbèro-arabe du ksar et englobait un relevé des peintures décoratives berbères trouvées dans certaines maisons, peintures qui ont été recouvertes par les peintres en charge de la restauration. Selon M. Arabaoui, le manque de personnel qualifié à tous les niveaux de la restauration et l'absence de formation ont conduit au «désastre» de 2008 à Taghit. Et d'autres «catastrophes» similaires finiront par se apparaitre dans d'autres ksour restaurés selon le même procédé.

Des compétences marginalisées
Hélas, il n'y a pire pas sourd que celui qui ne veut rien entendre, et pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Présentés, les travaux de cet architecte, natif du ksar, ont été refusés. La raison ? Le ministère de la Culture n'accepte pas les travaux des indépendants et refuse de consulter les propriétaires en dehors des bureaux d'études et des architectes agréés par ses services. Pourtant, M. Arabaoui est convaincu que l'implication de la population locale devrait parer au manque de spécialistes en restauration. Engager des jeunes de la région, supervisés par les plus âgés, pour préparer les matériaux et participer aux travaux de construction ou de restauration, permettrait de réaliser une restauration à l'identique, sans compter qu'une telle action contribuerait à la résorption du chômage.
Interrogé sur les ksour disparus à proximité de Taghit et sur les falaises de Djebel Baroune, Abdelwahab Arabaoui affirmera qu'il est encore possible de récupérer ces cités grâce aux nouvelles techniques de restauration et de reconstruction en terre. «Les ksour abandonnés sont facilement récupérables du moment que leur architecture n'a pas été modifiée et que leurs fondations sont encore visibles», soutient l'architecte qui ne ménage aucun effort pour parvenir à son objectif : préserver et faire revivre les ksour. D'ailleurs, plusieurs projets sommeillent dans ses tiroirs en attendant un hypothétique responsable qui aurait le même objectif que lui, sans les calculs politiciens ou d'intérêts. C'est ainsi que Abdelwahab Arabaoui, en collaboration avec des universitaires étrangers, est
parvenu à modifier l'argile avec des additifs chimiques la rendant imperméable et plus durable. «Ce projet pourrait éviter à l'Etat de débloquer des budgets de restauration à chaque crue», indique-t-il. A titre d'exemple, ce genre d'études menées par plusieurs architectes de différentes nationalités ont abouti à l'invention, en France, du Béton de terre stabilisé (BTS), matériau à base en terre crue stabilisée avec de la chaux, du ciment ou des fibres végétales. Naturellement isolant, le BTS est déjà en vogue en Europe... En Algérie, c'est la Brique en terre stabilisée (BTS, également) qui a été testée, au cours des années 1990. Mais bien que ses caractéristiques physico-chimiques et ses propriétés d'isolation thermique et sonore soient supérieures à celles de la brique conventionnelle et que son prix de revient soit inférieur, notre BTS n'a jamais bénéficié de l'attention et l'intérêt de nos responsables et des entrepreneurs en bâtiment, tout comme les autres matériaux et procédés de constructions révolutionnaires.
R. C.

Les ksour disparus de Taghit
Tout le long des 18 km de palmeraie de Taghit, la route traversant cette oasis est bordée d'une multitude de ruines en toub, à l'ouest. Les six petits villages construits en dur ont fini par plonger les ksour dans l'oubli. Hormis le vieux ksar de Taghit, classé patrimoine national, les autres bijoux de l'habitat saharien agonisent dans l'anonymat. Les ksour de Brika, Berrabi, Bakhti ou encore ceux de la falaise de Djebel Baroune, ont tous été abandonnés par leurs habitants. Certains ont disparu, d'autres sont en ruine et les moins dégradés servent d'abri aux animaux. La falaise de Djebel Baroune qui surplombe la palmeraie, regroupait, selon l'architecte Abdelwahab Arabaoui, «37 ksars construits en toub au bord de la falaise». Aujourd'hui, il n'en subsiste plus que quelques pans de muraille à peine visibles depuis la route. Le ksar de la localité de Berrabi était une grande citadelle qui bordait la route et s'enfonçait dans la palmeraie. Aujourd'hui, l'état de délabrement du site ne permet même pas de visites touristiques à l'intérieur. Jamais restauré, ce ksar, qui n'est plus qu'amas de terre et de colonnes, a toutefois gardé son architecture originale même à l'intérieur des habitations. A l'intérieur de la citadelle de Berrabi, on peut encore retrouver les «makhzen» (creusets servant de garde-manger), les «zribates» (enclos intérieur pour les animaux) ainsi que le système d'assainissement de l'époque basé sur les fosses sèches. Plus loin, la nouvelle déviation de la route traverse le ksar de Bakhti, une autre cité au bord de la palmeraie qui ne sert plus que d'abri aux animaux. Actuellement, avec la possibilité de moderniser les techniques de construction en terre «tous ces sites peuvent être récupérés», affirme l'architecte Abdelwahab Arabaoui. Avec son groupe de recherche et en collaboration avec des universités européennes, M. Arabaoui a réussi à établir plusieurs plans architecturaux pour définir l'état initial de quelques ksour de la région, ainsi que celui des mausolées et cimetières antiques.


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