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Radicalisation du mouvement, avec une série de rassemblements dès aujourd'hui La grève de la faim des greffiers et corps communs de la Justice se poursuit
Après 40 jours d'une grève du travail et 14 jours de grève ouverte de la faim, les travailleurs du secteur de la justice ne baissent toujours pas les bras. Le débrayage se poursuit avec, en toile de fond, une radicalisation du mouvement. C'est ainsi que les grévistes prévoient une série de rassemblements de protestation, à partir d'aujourd'hui, en vue d'arracher la tutelle du silence intrigant dans lequel elle s'est murée depuis le déclenchement du mouvement, le 10 du mois passé. «Le service minimum sera néanmoins assuré», confirme-t-on du côté de la Fédération des travailleurs du secteur de la justice. Malgré les «intimidations et les pressions» exercées sur eux, les grévistes ne comptent pas fléchir. Comme pour apporter un peu de baume dans leurs cœurs, ils ont vu se crée, autour d'eux un mouvement de solidarité d'envergure, à l'initiative du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP). Ledit syndicat a, en ce sens, organisé jeudi dernier, à Alger, un rassemblement de solidarité, dans le but à la fois de remobiliser les «troupes» gagnées par une espèce de lassitude et, d'autre part, inciter le ministère de la Justice à ouvrir le dialogue qu'il ne daigne toujours pas enclencher. Les travailleurs du secteur de la justice dénoncent, à cet effet, les tentatives de diversion de la part de la tutelle, qui a engagé, d'après eux, des pourparlers parallèles et non officiels avec des parties tierces, «non représentatives de la corporation». Tout en se félicitant de l'élan de solidarité qui s'est créé autour d'eux, et en saluant la mobilisation de larges pans de la société civile et du corps des travailleurs, tous secteurs confondus, les grévistes déplorent, toutefois, la «compromission» dont se sont rendus coupables certains énergumènes, au sein de la corporation. Ces derniers auraient, selon un communiqué signé par le président de la Fédération des travailleurs du secteur de la justice, pactisé avec la tutelle, en s'érigeant comme interlocuteurs, «uniquement pour assouvir leurs propres intérêts». Mourad Ghedia dénonce la poursuite des «pratiques antiréglementaires vis-à-vis des grévistes par ceux-là mêmes qui sont censés veiller au respect des libertés et à l'application saine des lois de la République». Pour rappel, le ministère de la Justice a observé, depuis le déclenchement de la grève des greffiers et corps communs du secteur, le 10 avril dernier, un silence radio qui en dit long sur sa volonté d'assainir cette situation, qui a même suscité l'inquiétude du corps des avocats. La nomination de Tayeb Belaïz à la tête du Conseil constitutionnel et son remplacement, à titre intérimaire, par Ahmed Noui, secrétaire général du gouvernement, a fait croire à un début de dénouement, en raison des inimitiés que se vouaient mutuellement les grévistes et le désormais ex-ministre de la Justice. Jeudi dernier, une coordination nationale de solidarité avec les grévistes a organisé à Alger, un rassemblement ayant fédéré de nombreux acteurs de la société civile, dont les principaux syndicats affiliés au Snapap. Lancé le 10 avril dernier, le débrayage des greffiers et corps communs du secteur de la justice est intervenu en réponse à la «sourde oreille» de la tutelle devant leurs revendications. Les grévistes revendiquent, essentiellement, leur intégration dans le secteur de la justice, au même titre que le corps des magistrats, pour ne plus dépendre de la Fonction publique, la révision de leur statut particulier et ils réitèrent leur droit au logement de fonction. Après avoir paralysé l'ensemble des cours et tribunaux du pays, la majorité des grévistes ont, par la suite, dû rejoindre leurs postes de travail, «après avoir fait l'objet d'iniques pressions et chantages», selon M. Ghedia. Une quarantaine de travailleurs ont été radiés, en raison de leur refus de rejoindre leurs postes. Le Snapap compte saisir par écrit le Bureau international du travail (BIT) sur les cas des fonctionnaires radiés, après en avoir fait le décompte final. Y. D.