Le comité national de soutien aux greffiers grévistes de la faim, créé dimanche dernier, organisera aujourd'hui un rassemblement de solidarité à Alger au 13e jour de grève des cinq greffiers affiliés au Syndicat national autonome du personnel de l'administration (Snapap), selon le secrétaire général du Snapap, Mourad Ghedia. Les grévistes protestent contre le silence de la tutelle par rapport à leur plateforme de revendications socioprofessionnelles. Le comité de soutien est composé de membres d'associations, de travailleurs et de membres de la société civile. Ces membres lanceront, à l'occasion, un appel à toutes les bonnes volontés pour apporter leur aide aux greffiers afin que leurs voix soient portées à l'opinion nationale. Après plusieurs mouvements de contestation engagés depuis le mois d'avril dernier pour exiger une amélioration de leurs conditions professionnelles, les greffiers qui ont fait l'objet de sanctions, notamment de ponctions sur salaires, avaient repris le travail après que la tutelle les a assurés de prendre en considération leurs requêtes. Le ministère n'ayant pas étudié leurs cas, les greffiers décident de revenir à la charge par l'intermédiaire de leurs syndicats qui ont haussé le ton en entamant une grève de la faim illimitée. «Nous allons mourir, peut-être que ça éveillera les consciences», dira le représentant des grévistes. Deux membres de la Fédération nationale de la justice affiliée au Snapap qui avaient entamé la grève de la faim ont été contraints de mettre fin à leur grève pour des raisons de santé. L'un des grévistes souffrait d'un diabète et l'autre avait une insuffisance plaquettaire. Après sept jours de grève, l'état des greffiers s'est fortement détérioré et deux d'entre eux ont été conduits dans un état comateux à l'hôpital de Rouïba. Le représentant des grévistes, M. Ghedia, nous a indiqué que les secours avaient tardé à arriver alors que le siège de la Protection civile est situé à quelques mètres de la structure syndicale. «Nous ne faisons plus appel à la Protection civile et nous utilisons nos propres véhicules pour conduire les grévistes à l'hôpital si c'est nécessaire», indique M. Ghedia. Au niveau de l'hôpital de Rouiba, «les greffiers ont été très mal pris en charge», selon M. Ghedia, qui ajoute qu'ils ont décidé de recourir au secteur sanitaire privé. «L'hôpital de Rouïba avait hospitalisé les deux greffières uniquement pendant trois jours, prétextant qu'ils n'avaient pas de place dans leurs services», indique-t-il. L'état de santé des grévistes est de plus en plus inquiétant. M. Ghedia avait des difficultés à nous parler au téléphone, il était fatigué et formulait difficilement ses mots. Quatre autres greffières ne pouvaient pas parler, elles étaient dans un état second et revenaient de chez le médecin, nous a-t-il dit. Quant au suivi de leur plateforme de revendications par la tutelle, M. Ghedia souligne qu'«aucun membre du ministère n'est venu s'enquérir de nos nouvelles et que la tutelle n'a manifesté aucune intention de prendre en charge leurs doléances». «Le ministère de la Justice compte créer un autre syndicat pour représenter les greffiers afin d'annuler notre structure et annihiler notre mouvement», souligne-t-il.