Un des flambeaux de la culture algérienne vient de s'éteindre. Warda El Djazaïria est partie. Ses chansons et son image tourneront, certes, en boucle pendant les jours à venir. Il y aura encore des hommages, à titre posthume. Mais le temps finira par faire son œuvre et le flambeau n'éclairera plus cette voie qui mène vers les sommets des arts que Warda a atteints. Artiste accomplie, elle a été un exemple pour de nombreux jeunes chanteurs et chanteuses qui ont mis leurs pieds dans les traces des pieds de la diva. Elle est un cicérone vers l'excellence artistique. Et en tant que tel, elle aurait dû avoir l'insigne qui la consacre dans cette mission et ce rôle hautement distingués. Hélas, l'Algérie n'a pas prévu ce genre de distinction. On a bien «aoucimat el isthqaq el watani», les médailles de l'Ordre national du mérite, Al Athir, Al Âchir et Çadr. Warda El Djazaïria est d'ailleurs récipiendaire de la médaille Al Athir, la plus haute distinction. Mais si on veut que notre culture s'élève et rayonne, il est nécessaire que les arts et lettres aient leurs distinctions spécifiques qui honoreraient les artistes et créateurs dont l'apport contribue à hisser les productions culturelles vers ces sommets de l'excellence et de la perfection. L'exemple nous est donné par les médailles de l'Ordre des Arts et des Lettres français qui récompensent «les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde». Rien ne nous empêche d'adopter les mêmes distinctions, quitte à leur attribuer d'autres noms qui se référent à notre culture et notre histoire. Car, l'objectif est le même : faire des personnes récipiendaires des exemples à suivre et porter la culture algérienne aux cimes. Dès lors, la barre sera placée haut et la qualité n'en sera que meilleure quand la compétition s'installera entre les producteurs des arts et des lettres. Et les lauréats pour une telle distinction ne manquent pas. Les artistes et les auteurs, jeunes et vieux, dont les œuvres sont méritoires et qui s'efforcent de rendre aux arts leurs lettres de noblesse, existent. On en a même une qui occupe le fauteuil n°5 parmi les Immortels de l'Académie française, Assia Djebar. Les hommages c'est bien, les honneurs c'est mieux. Il est plus que temps d'accorder à nos intellectuels et à nos artistes, les mérites qui leur reviennent, de leur vivant, pour qu'ils puissent encore rayonner et illuminer le chemin de la gloire pour les jeunes générations. Bien qu'elle soit triste, l'occasion nous est aujourd'hui donnée pour réfléchir à l'instauration de ces distinctions dont la première peut être attribuée, à titre posthume malheureusement, à Warda El Djazaïria, celle qui a été l'ambassadrice de la culture algérienne dans le monde et a porté l'Algérie dans son cœur jusqu'au jour où il l'a lâchée. H. G.