La crise financière se transforme en crise économique et la récession touche de plus en plus de régions et d'économies avancées en Europe, en Amérique et en Asie. Les déclarations hâtives de certains responsables algériens quant aux conséquences de cette crise sur l'économie nationale ont vite été rattrapées par les prix du pétrole qui connaissent un recul accéléré en raison de la baisse de la demande. La décision de l'OPEP de retirer du marché un million cinq cent mille barils n'aura pas d'effet immédiat sur la stabilisation des prix qui, de toute évidence, ne retrouveront pas les niveaux qu'ils ont connus l'été dernier. Cette crise, qui assiège les économies émergentes et les pays en développement, s'amplifie au moment où l'Algérie s'engage dans un processus de relance économique et où l'Etat investit en force dans la réalisation de projets structurants en vue d'attirer les investissements directs étrangers et stimuler, ainsi, une activité économique productrice de richesses et de plus-value. La source principale des finances publiques étant la rente pétrolière, qui devient un enjeu majeur dans l'effort des pays industrialisés pour maîtriser la crise financière et juguler la récession qui s'étend comme une traînée de poudre. Face au recul des prix du pétrole, le premier front mondial qu'est l'OPEP a réagi, vendredi dernier, en décidant de réduire l'offre et de l'ajuster à la demande afin que les prix ne connaissent pas une chute de nature à menacer les équilibres financiers internes des pays producteurs. Cette décision a suscité des réactions hostiles officielles aussi bien aux Etats-Unis qu'en Grande-Bretagne. Cette hostilité, du moins prévisible, est paradoxale dans la mesure où l'OPEP a réagi de la même manière que les pays avancés qui prennent des mesures pour maîtriser les effets néfastes de la crise financière sur l'économie réelle, empêcher des banques et des entreprises de faire faillite, limiter les pertes d'emplois et préserver ainsi leurs intérêts nationaux. Si les pays producteurs de pétrole laissaient faire le marché, les conséquences seraient catastrophiques au plans économique, social et politique. Pourtant, aussi bien la flambée des prix que leur chute drastique sont souvent le fait de spéculateurs qui dominent le marché pétrolier dans les places boursières à Londres et à New York. Cependant, ce premier bouclier mis en place par l'OPEP est loin d'être suffisant comme barrage contre les effets d'une crise économique qui n'est plus latente. D'autres fronts économiques et politiques doivent se constituer en prévision d'une récession généralisée que les experts redoutent. Les non-alignés sont un cadre politique large de nature à se transformer légitimement en un front commun pour, d'une part, prendre des mesures de nature à limiter les effets de la crise sur un grand nombre de pays et, d'autre part, pour formuler leur rejet de cet ordre économique inique et injuste qui ne sert que les intérêts des puissances économiques. Certains pays émergents comme l'Inde, le Brésil et la Chine pourraient soutenir efficacement une troisième voie émanant des pays non-alignés. L'Union africaine, la Ligue arabe, l'OCI, l'UMA sont autant d'espaces et d'organisations pouvant constituer des instruments régionaux et sous-régionaux pour formuler des propositions et des plans d'actions visant à prémunir les pays membres de ces institutions internationales contre les conséquences de la crise et limiter éventuellement les dégâts qu'engendreraient des décisions égoïstes des pays avancés et dont l'instinct de survie et le chauvinisme aveuglent les dirigeants qui agissent également au nom de lobbies financiers et industriels mercantilistes. A. G.