L'impact de la crise financière mondiale sur le Maghreb et la région du Moyen-Orient, et les enjeux ainsi que les perspectives économiques régionales pour les pays de la région Mena, étaient au centre de l'intervention de M. Amor Tahari directeur adjoint du département Moyen Orient et Asie Central du Fonds monétaire international (FMI), lors d'une conférence de presse animée, hier, à l'hôtel El Aurassi. Selon le représentant de l'institution de Bretton Woods, l'impact direct de la crise qui frappe de plein fouet les pays les plus développés, est restreint dans la plupart des pays de la région du Maghreb et le Moyen-Orient. Le conférencier explique cette situation par les liens limités et restreints qu'entretiennent ces pays avec le système financier mondial. Quant à l'impact indirect (de second tour) et l'ampleur du ralentissement dans la région, ceux-ci dépendent en partie de l'intensité ou de la durée de la récession de l'économie mondiale, notamment de celle en Europe, et de la riposte budgétaire et économique des pays concernés, y compris des producteurs de pétrole. Etayant ses dires, le représentant du FMI évoque l'indice des prix à la consommation. Il signalera, dans se sens, que l'inflation a grimpé jusqu'à 2008 dans la plupart des pays de la région Mena, notamment chez les exportateurs de pétrole, mais elle est désormais en repli dans tous les pays. L'inflation reste la plus faible au Maghreb. D'autre part, l'escalade des cours du brut jusqu'à une période récente tenait à la forte demande des pays émergents et à la lente réaction de l'offre. En raison du ralentissement de la croissance mondiale, les prix sont désormais en net repli. Selon les prévisions du FMI, les cours du brut vont augmenter en 2010. La région Mena devrait connaître un ralentissement de la croissance de 5,7 en 2008 à 2,6% en 2009 soit presque 3 points de moins. Une reprise graduelle est prévue à partir de 2010. Par ailleurs, M. Tahari revient sur les mécanismes de contagion dans la région. Ainsi, l'impact indirect de la crise sur la région se manifeste par les mécanismes classiques de l'économie réelle, à l'image des exportations, des produits manufacturés, des matières premières, du pétrole/gaz, des recettes du tourisme, des envois de fonds (d'Europe et des Etats du Golfe), des investissements directs étrangers, etc. L'orateur souligne toutefois que le ralentissement de la croissance pourrait mettre en évidence des vulnérabilités dans les systèmes bancaires qui pourraient se répercuter sur la croissance comme dans les pays avancés. Ainsi, en cas de risque de récession plus profonde et plus longue des pays avancés, notamment en Europe, il y aura sans doute risque de contagion extérieure et de resserrement du crédit dans certains pays, les corrections sur les marchés boursiers et immobiliers se répercutent sur les portefeuilles bancaires, les grands projets financés par l'IDE pourraient être touchés. A cet effet, les principaux défis à court terme, que préconise le conférencier, est de faire en sorte que les secteurs financiers nationaux soient plus résistants, s'attaquer aux tensions liées aux liquidités en agissant à terme et de façon énergique, suivre de près les principaux pôles de risque (logement, concentration des prêts, normes de prêt) et évaluer les vulnérabilités du système bancaire. Il s'agit aussi de coordonner les politiques des différents pays pour limiter les effets de débordement d'un pays à l'autre et d'évaluer l'état de préparation face aux crises, y compris les dispositifs de recapitalisation bancaire et de prise en charge des créances. M. Tahari préconise également de continuer à jeter les bases d'une croissance durable et la création d'emplois, au moins 300 à 400 000 postes d'emploi, pour arriver à un taux de chômage de 6% à 7%. "Il faut mettre l'accent sur les dépenses sociales ciblées pour aider la population" a insisté M. Tahari. Promouvoir la diversification de l'économie, centrer les dépenses sur le renforcement de la capacité de production de l'économie, améliorer le climat des affaires, accroître la capacité de résistance des institutions et des marchés financiers. A une question sur l'intégration économique régionale, celui-ci dira que c'est une nécessité et non pas un choix Interrogé sur les réserves de changes de l'Algérie qui sont placées à l'étranger, il estimera que "l'Algérie a assuré une gestion prudente de ses réserves de change à l'étrangers, mais à l'avenir chaque pays va devoir choisir ou voir quels sont les meilleurs moyens de gestion". Samira H.