Au centre de grands enjeux économiques, le football ne peut plus évoluer en marge de la crise financière qui secoue le monde entier. Même si, pour le simple amateur du ballon rond, il ne lui viendrait pas à l'esprit que ce sport serait touché de quelque manière que ce soit par la crise. Les premières touches de la crise ont été ressenties en Angleterre. Les principaux sponsors de Newcastle (banque Northen Rock) et de Manchester United (l'assureur américain AIG) étaient touchés par la crise des crédits. La présente crise n'a pas protégé les clubs les plus riches du monde. Le Championnat anglais, qui reste le championnat de football le plus prisé dans le monde (952 millions d'euros entre 2007 et 2010 et diffusé dans 208 pays), voit depuis quelques années plusieurs investisseurs étrangers venir frapper à sa porte. Ils veulent avoir la mainmise sur une compétition qui a fini par prendre les aspects d'une industrie juteuse. Une dizaine de clubs ont changé de main : Chelsea repris par le Russe Abramovitch, Manchester United victime d'une OPA de 1,1 milliard d'euros par le milliardaire américain Malcom Glazer, Liverpool racheté par les géants américains Tom Hicks et George Gillet, sans oublier le petit dernier Manchester City et les pétrodollars de son nouveau propriétaire saoudien. Le moment de panique a été sonné par des banques anglaises qui ont écrit à trois clubs de Premier League pour s'inquiéter de l'état «critique» de leur endettement. En Europe, en Afrique comme en Amérique, le ton est à l'inquiétude aussi bien chez les dirigeants de club qu'au sein des amoureux de la balle ronde. Même si les puissances de l'argent sont plus présentes sur le Vieux Continent où certains clubs roulent avec des budgets qui dépassent de loin ceux de quelques Etats, il n'en demeure pas moins vrai que le football américain subit également les méfaits de cette crise financière qui semble prendre la dimension d'une crise économique. Et ce n'est pas la mesure prise récemment par la Confédération brésilienne de football qui freinera «l'offensive» de la crise. Contre toute attente, la Confédération brésilienne de football a, en effet, annoncé la signature d'un contrat de parrainage d'une durée de six ans entre la banque Itau, deuxième banque privée du pays, et l'équipe nationale. La Confédération a tenu par ailleurs à préciser qu'en plus du parrainage de la sélection des Auriverdes, la banque Itau va sponsoriser l'équipe olympique, les différentes équipes de jeunes et les équipes féminines. L'accord signé entre la Confédération brésilienne et Itau Banque expirera à la fin de la Coupe du monde 2014 qui sera organisée par le pays de la samba. A propos du montant du contrat, les deux parties ont préféré le garder au registre des secrets. Les médias, pour leur part, avancent le chiffre de 90 millions de dollars (70 millions d'euros environ) pour six ans. Relevons ici que, quand bien même la mesure rassurerait le personnel sportif du Brésil, les effets de la crise sont plus que tangibles à Rio comme à Sao Paolo. L'impact de la crise ne se réduit pas aux championnats locaux dans la mesure où même la compétition la plus populaire régionalement fera les frais de la récession. Il s'agit incontestablement de la vieille Copa America, parrainée officiellement par la firme coréenne LG. Organisée par Conmebol, l'Association de football sud-américaine, la Copa America réunit les 10 meilleures équipes d'Amérique latine qui représentent régulièrement le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Mexique et le Costa Rica… Ces équipes nationales se rencontreront dans les épreuves qualificatives puis lors du championnat. En tant que sponsor officiel de la Copa America, le groupe coréen programme de nombreuses activités promotionnelles sous la marque LG. Reposant sur la grande popularité du football en Amérique latine, le groupe coréen a jusque-là réussi à conquérir de nouveaux marchés grâce à l'impact du football. La place de LG dans le football américain ne sera plus comme elle était. Au sein des clubs, le brésilien Sao Paolo vivra certainement les conséquences de la crise qui a sérieusement secoué la Corée. L'entreprise coréenne est liée par un contrat de sponsoring avec Sao Paolo «afin de stimuler la forte croissance des ventes enregistrée récemment dans la région et de promouvoir l'image de la marque LG tout en la positionnant comme une marque haut de gamme sur le marché brésilien. En plus de l'impression du logo LG sur les tenues des joueurs, le groupe coréen prévoit de présenter les meilleurs joueurs de l'équipe dans ses différentes campagnes de relations presse afin de renforcer l'image de la marque LG». Les observateurs s'accordent ainsi à dire que les lendemains de la Copa America sont incertains. Explication : la compétition dépend plus de la santé financière de l'entreprise qui en assure le déroulement. Si la crise financière venait à perdurer et à prendre de l'ampleur, la Copa America risquerait de perdre de son attrait. Car, à l'heure actuelle, ce n'est pas uniquement les stars brésiliennes, argentines, mexicaines et autres qui gonflent les audiences et qui attirent les couches les plus défavorables de l'Amérique. Un écroulement de la firme qui sponsorise le plus ancien tournoi régional signifierait sans le moindre doute la relégation de la manifestation. Il est vrai que certains joueurs parmi les plus célèbres du monde préfèrent parfois faire l'impasse sur cette compétition, notamment quand le Mondial est proche. L'absence de ces stars réduit considérablement l'audience et affaiblit le charme de la compétition. Mais, décidément, si le principal pourvoyeur d'argent de la manifestation venait à ne pas répondre, sous le poids de la crise, la compétition en pâtirait irrémédiablement. Nous n'en sommes pas encore là puisque la 43ème édition est prévue en 2011 dans la capitale argentine, Buenos Aires. D'ici là, tout le monde y aura vu plus clair avec, notamment, le déroulement du Mondial pour la première fois sur le continent africain. Le ton est plutôt à la sérénité du côté du futur organisateur des jeux Olympiques 2012. La ministre britannique chargée des Jeux estime que le prochain rendez-vous olympique est une aubaine pour l'économie mondiale. Pour elle, «les jeux Olympiques de Londres en 2012 sont de l'or pour l'économie. Les Jeux de Londres en 2012 sont de l'or pour l'économie en ces temps difficiles». Avant d'ajouter : «Ils se sont transformés de manière inattendue en programme de stabilisation économique» et «représentent six milliards de livres [7,5 milliards d'euros, 9,5 milliards de dollars] d'investissements dans 75 000 contrats avec des entreprises britanniques. Grâce à ce rendez-vous, de nouveaux emplois seront créés, de nouvelles maisons construites. Personne n'avait l'intention de leur attribuer ces fonctions, mais ce sont pourtant les effets qu'ils produiront». La ministre britannique relativise en déclarant que le secteur privé, acteur essentiel dans la préparation des Jeux, a été touché par la situation économique.«Il y a certainement moins de possibilités de faire appel aux capitaux privés pour construire le village olympique et le centre de presse. Nous devons cependant nous assurer que leur construction continue», a noté la ministre Tessa Jowell. A. Y.