Après l'épisode des scissions, dissidences et redressements, les partis islamistes ne sont pas au bout de leurs peines. A peine ont-ils fini de consommer leurs divisions, avec la naissance de nouveaux partis (FJD, FC et FAN), que survient la débâcle aux législatives. Une épreuve de plus, porteuse de facteurs de division pour les «frères» ennemis au sein de la mouvance. Faisant figure de grand perdant du scrutin du 10 mai dernier, pour avoir enregistré un score de 47 sièges au sein de la coalition verte (AAV), au lieu des 52 sièges qu'il avait à lui tout seul lors de la précédente législature, le MSP montre déjà les premières lézardes. Au sein du parti de Bouguerra Soltani, qui est passé de l'euphorie préélectorale à la déprime qui s'en est suivie, la crise bat son plein. Cette formation est la proie de querelles qui se déroulent en sourdine, dont celle ayant mis aux prises ses principaux cadres, autour du partage d'ex-futurs dividendes, notamment des postes à pourvoir au sein du gouvernement. Puis, vinrent les résultats catastrophiques qui ont jeté le mouvement dans un profond malaise. D'autres déchirures subséquemment à la non-participation au gouvernement et au retrait du Parlement sont apparues. Bien que les décisions aient été tranchées par l'instance habilitée, à savoir le Conseil consultatif national (Majliss Echoura), la portée de telles décisions partage encore. En témoignent les déclarations du vice-président du parti, Abderrazak Mokri, qui incarnerait l'aile dure au sein du mouvement, par opposition à l'autre qui engloberait les ministres du parti, soutenus par une quasi-majorité des membres du Conseil national. Même si, l'instance dirigeante a toujours tenté de nier l'existence de dissidence interne, le MSP qui venait quelques mois auparavant de se retirer de l'Alliance présidentielle, a fini par franchir le Rubicon. Le parti avait bien mis un pied dans l'opposition mais, que l'on ne s'y méprenne pas, disent d'autres sources, le MSP n'a pas totalement basculé dans l'opposition. Un ministre du parti, en l'occurrence Mustapha Benbada, s'en défend, arguant que son parti qui a soutenu le programme présidentiel durant 13 ans, ne fait pas son contraire du jour au lendemain. Ce que confirme le communiqué du parti, en expliquant que l'opposition au sein du mouvement «est fondée sur la modération et le juste milieu pour servir le pays et relever les défis en promouvant le rôle de l'opposition politique pacifique en tant qu'instrument d'évolution et de stabilisation dans la société». Ce chapitre ne doit pas être clos, sans en référer à l'autre décision de prendre part au Parlement. Le FJD Al Adala, ne se présente pas non plus sous ses meilleurs jours devant la nouvelle APN. Sa menace de boycott, prise avec les partis contestataires des résultats des législatives, a fondu comme neige au soleil. Djaballah, qui est déjà passé par une expérience éprouvante au sein des mouvements Ennahda et El Islah, a vite fait de revenir à de meilleurs sentiments. Il a décidé d'envoyer ses députés au Parlement pour participer aux travaux, le jour même de l'accord signé avec ses partenaires pour le boycott de l'APN. Son argument tient lieu du fait, qu'il aurait demandé un retrait des députés au lieu du boycott des travaux. Mais, d'après des indiscrétions, la décision de fausser compagnie aux autres partis contestataires eut lieu, dès les premiers coups de semonce de ses futurs députés, qui auraient menacés de rejoindre d'autres formations. Cela étant, «à quelque chose malheur est bon», cette citation ne peut avoir meilleure application que sur certains partis islamistes, notamment le Front du changement de Menasra et le FAN de Benabdesslam, puisque leur déconfiture aux élections législatives a favorisé un rapprochement au sein de l'initiative des 14 partis contestataires, où ils semblent faire cause commune. Mais la présence de Bouguerra Soltani, parmi les présents -à titre d'observateur- à la réunion au siège du FJD des 14 partis qui ne reconnaissent pas la légitimité du Parlement issu du dernier scrutin, est intrigante à plus d'un titre. Pourtant le Majliss Echoura de sa formation a bien tranché la question de siéger dans la nouvelle APN. Initiative personnelle du président du parti qui s'essaie à l'opposition, ou signe d'incohérence liée à la nouvelle position du parti? A. R.