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La formation et la lutte contre la contrefaçon : les défis des professionnels de la filière Clôture du 5e Salon international de l'optique et de la lunetterie
Photo : M. Hacène Par Younès Djama La 5e édition du Salon international de l'optique et de la lunetterie (Sinal) sera clôturée aujourd'hui après trois jours d'intense activité en présence de professionnels de la filière venus des quatre coins du pays. Organisée par RH International Communication, sous l'égide du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière, cette manifestation, à laquelle ont pris part des fabricants étrangers à travers leurs représentants nationaux, se distingue des précédentes éditions, notamment le Sinal 2011, par le fait qu'elle est destinée exclusivement aux professionnels, selon Rachid Hassar. Fabricants, distributeurs, représentants de marques des équipements et matériel d'optique et importateurs, se sont donné rendez-vous pour mieux voir et réfléchir à une meilleure organisation de la profession. Ouvert jeudi dernier, le Sinal a drainé durant les premières 48 heures plus de 2 000 visiteurs, composés d'opticiens, ophtalmologues et médecins généralistes venus des quatre coins du pays, selon M. Hassar. Tout en se félicitant de la réussite de cette édition 2012, l'organisateur a néanmoins estimé que la profession a besoin d'un meilleur encadrement pour faire face aux nombreux défis qui se présentent aux professionnels. Notamment le phénomène de l'informel qui porte non seulement préjudice à la profession mais aussi à l'économie nationale et, plus grave, à la santé des citoyens qui se ruent sur les produits contrefaits en raison de leurs coûts abordables. La contrefaçon touche aussi bien les verres d'optique que les lentilles de contact, dont certaines sont potentiellement cancérigènes compte tenu des produits qui entrent dans leur fabrication. Le «phénomène» prend de l'ampleur dans notre pays, suscitant de grosses inquiétudes chez les professionnels. Outre la contrefaçon et les moyens de la contrecarrer, les professionnels de la filière, qui gagneraient à s'organiser en un syndicat, doivent également relever le défi de la formation en l'absence d'écoles de formation. Un fait qu'a déploré M. Chabane Nadir, directeur d'un Institut de formation paramédicale, sis à Oran. Ce dernier met en cause la promulgation du décret exécutif 11-121 du 10 mars 2011, portant statut particulier des paramédicaux, qui a fait basculer la formation paramédicale du ministère de la Santé vers celui de l'Enseignement supérieur, et qui n'a pas été sans conséquence sur les établissements de formation. Selon M. Nadir, les 51 établissements nationaux (publics et privés) spécialisés dans la formation paramédicale sont paralysés à cause de ce décret, alors qu'une demande importante de la part des bacheliers est signalée. «Il y a une très forte demande. Par ailleurs, nous avons constaté qu'il y a plus de postes budgétaires que d'offres de formation», affirme M. Nadir rencontré, hier à Alger, en marge du 5e Salon international de l'optique et de la lunetterie (Sinal). «Si les établissements publics arrivent à s'en sortir en puisant dans les fonds du Trésor public, les écoles privées arrivent à peine à rentrer dans leurs frais en comptant sur leurs seuls fonds propres. Personnellement, durant l'exercice écoulé, j'ai eu toutes les difficultés du monde à assurer la formation convenablement vu que les charges sont trop importantes», souligne-t-il. Sans remettre en cause ledit décret «noble, en ce sens qu'il vise à élever le niveau de la formation paramédicale», notre interlocuteur n'en pense pas moins que techniquement, cette démarche voulue par les pouvoirs publics est difficilement réalisable, sinon elle ne se fera pas sans dégâts. «D'autant qu'un conflit a éclaté entre, d'une part, le ministère de la Santé, et celui de l'Enseignement supérieur, d'autre part. Ce dernier département ne dispose pas des moyens notamment humains (enseignants de rang magistral) capables d'assurer une formation de qualité aux étudiants», observe M. Nadir. Il suggère que les pouvoirs publics continuent à fonctionner avec l'ancien système de formation, tout en basculant progressivement vers la nouvelle orientation. Faisant partie du corps des paramédicaux, les opticiens subissent les répercussions de cette nouvelle donne et le conflit qui oppose les départements de la Santé et de l'Enseignement supérieur. «Nous sommes devant une situation paradoxale : d'une part les pouvoirs publics qui reconnaissent qu'il y a un déficit de 100 000 paramédicaux, et d'autre part, nous assistons à une régression sinon un blocage de la formation», note M. Nadir. Le métier d'opticien, par ailleurs davantage prisé par les étudiants, constitue, selon notre interlocuteur, l'un des maillons faibles de cette chaîne qu'est la formation paramédicale. «Dans le domaine de l'optique et de la lunetterie, l'Algérie dispose d'un ratio d'un praticien pour 37 000 habitants alors que la moyenne de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé), est d'un opticien lunettier pour 4 000 habitants, comme c'est le cas en France», souligne-t-il. Par ailleurs, notre interlocuteur a nié que les diplômes d'opticiens lunettiers soient «vendus» au sein des établissements privés. «Nous (organismes privés de formation paramédicale), nous sommes sous le contrôle de l'Etat. Nous ne disposons pas d'un pouvoir d'évaluation et de récompense (diplômes) qui, eux, relèvent des prérogatives de l'Etat (ministère de la Santé). Donc, si vente de diplômes il y a, ça n'est certainement pas du côté des établissements de formation qu'il faut voir», précise M. Nadir. Tout en appelant à un rassemblement des professionnels algériens de la filière optique et lunetterie sous la forme d'un syndicat, Chabane Nadir a également plaidé pour la création d'un laboratoire de contrôle des produits d'optique, notamment en raison de l'activité informelle qui gangrène la filière. Outre le préjudice financier engendré au Trésor public, cette pratique illégale fait courir des risques incommensurables à la santé des «consommateurs».