Compromissions, changement de cap et menaces d'exclusion. Le Front des forces socialistes (FFS) plonge, depuis quelques semaines, dans une nouvelle crise, qui risque de laisser des traces.Les «mécontentements» nés de la décision du parti de Hocine Aït-Ahmed de participer aux élections législatives de 10 mai dernier ont fini par s'exprimer publiquement. Jusque-là, les cadres «réfractaires» se sont imposés un silence disciplinaire. Personne ne s'est exprimé publiquement. Il a fallu attendre la lettre où Hocine Aït-Ahmed «exige des sanctions exemplaires» pour que des noms soient abordés.Le premier à s'exprimer est Samir Bouakouir. Le représentant du FFS à l'étranger, qui était pourtant candidat du parti en France, a ouvert les hostilités. Selon lui, les dirigeants du FFS sont coupables d'une «compromission» avec le pouvoir. Pis, il trouve que «les menaces formulées par le président du parti sont lamentables». L'ancien chargé de communication du FFS a récidivé hier, dans une déclaration faite à notre confrère El Watan. Selon lui, «un quarteron de responsables du parti avait concocté un deal avec des cercles du pouvoir». Il en veut comme preuve le fait que le parti n'a pas dénoncé la fraude électorale.L'ancien premier secrétaire national du parti, Karim Tabbou est allé, lui aussi, dans la même direction. «Au lieu de dénoncer les violences constatées pendant la campagne, de garder son autonomie de décision, de rassurer ses militants sur la nécessité de résister face aux coups de force, la direction du FFS s'est félicitée des résultats proclamés par le Conseil constitutionnel», a-t-il accusé, dans une déclaration au site TSA. Pis, Karim Tabbou a accusé le FFS d'avoir accepté «un strapontin», en acceptant des sièges qu'il n'a pas obtenus. Tabbou a cité l'exemple de Bordj Bou Arréridj. «En dehors de deux recours valables (Boumerdès et Constantine), le reste n'est que du bonus», enfonce l'ancien responsable national, dans une contribution envoyée à la presse. A côté de ces individualités, plusieurs dizaines de cadres se sont réunis, la semaine passée, à Béjaïa, pour réclamer une session extraordinaire du Conseil national. Ces militants et élus, issus de plusieurs wilayate du pays, notamment Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Sétif et Alger, interpellent le président du parti sur ce qu'ils appellent un «risque de normalisation du parti».Du côté de la direction, seul Ali Laskri a fait une sortie médiatique jusque-là. Dans une récente interview, il accuse certains cadres de s'adonner au travail «fractionnel». Interrogé sur les accusations de «compromissions», Laskri a répondu que «personne, au sein du parti, n'assume publiquement une telle accusation».Contactés hier, des responsables du parti ont indiqué que «le secrétariat national devait tenir, dans l'après-midi, une réunion, pour répondre à la situation». A. B.
Première réaction de la direction du FFS : Karim Tabbou suspendu Comme première réponse aux déclarations de l'ancien premier secrétaire national, le Front des forces socialistes a utilisé la méthode radicale. Le premier secrétaire national, Ali Laskri, a procédé à la suspension de Karim Tabbou de toute fonction organique, a indiqué, hier en fin d'après-midi, un communiqué du parti. «Le Premier secrétaire national, Ali Laskri a pris ce jour une mesure conservatoire de suspension de toute activité au sein et au nom du parti à l'encontre de M. Karim Tabbou, membre du Conseil national. Cette décision a été prise suite aux comportements et propos indignes qu'il a tenu publiquement contre le parti et ses instances», a indiqué le communiqué signé Ali Laskri. On reproche à Karim Tabbou, entre autres, le «non-respect des fondements et objectifs, des statuts et chartes du parti, le dénigrement du parti, de ses militants et de ses dirigeants par des déclarations publiques et écrites et le refus volontaire d'exécuter les directives des instances du parti». A. B.