La conférence ministérielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), prévue demain à Vienne, s'annonce tumultueuse. Les majors de l'organisation, l'Arabie saoudite en tête, tireraient vers la hausse des quotas de production. Elles voudraient en fait une formalisation d'une augmentation de l'offre pétrolière de l'Opep, puisqu'elles surproduisent, selon l'Iran, un des plus gros producteurs de l'organisation, frappé par des sanctions économiques sévères, adoptées par les Etats-Unis et l'Union européenne et quelques pays d'Asie, qui rechignent à s'approvisionner en pétrole iranien. L'attitude des Saoudiens agace l'Iran et son représentant au sein de l'Opep va le faire savoir : Mohammad Ali Khatibi, a indiqué que Téhéran avait formellement protesté auprès de l'organisation. Il a eu cette déclaration : «Il n'est pas correct que deux ou trois pays compensent la part de marché d'un pays qui est sanctionné. Les membres de l'Opep ne devraient pas agir les uns contre les autres.» Khatibi fait allusion à L'Arabie saoudite et deux de ses alliés, le Koweït et les Emirats. «L'Arabie saoudite et deux de ses alliés sont les principaux violateurs des quotas de l'Opep», a-t-il ajouté. Le représentant iranien les a accusés d'agir sous la pression des Etats-Unis et de l'UE afin d'atténuer l'impact de l'embargo pétrolier décidé par l'UE en janvier dans le cadre de ses sanctions contre le programme nucléaire iranien controversé. Ryad a sensiblement relevé son offre depuis décembre, passant de 9,45 millions de barils par jour (mbj) à plus de 10 mbj en avril, un niveau historique, alors que le quota iranien diminuait. Deuxième producteur de l'Opep, l'Iran a toujours défendu un prix élevé pour le pétrole, soutenu en cela par le Venezuela. Au plan géopolitique, les relations entre l'Iran et les monarchies du Golfe sont au plus bas depuis un an, en raison des crises à Bahreïn et en Syrie mais aussi d'un regain de tension autour de trois îles que se disputent Téhéran et Abou Dhabi. Indépendamment du cas iranien, l'Arabie saoudite et ses alliés, intervenaient souvent pour inonder les marchés. Même si la crise iranienne n'existait pas, ils l'auraient fait, à l'approche des présidentielles aux Etats-Unis, Barack Obama, ne voulant pas d'une flambée des prix à la pompe, conséquence d'un renchérissement des cours du pétrole, à quelques mois d'une importante échéance électorale. Pourtant, les prix actuels ne sont pas aussi élevés que le pensent les pays consommateurs, à commencer par les Etats-Unis. Les facteurs qui influent sur les prix feront l'objet d'un large débat demain, à Vienne. Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, a déclaré jeudi à Kuala Lumpur que le marché pétrolier était suffisamment approvisionné, en indiquant que l'Opep va examiner, lors de sa réunion le 14 juin à Vienne, les facteurs de la détérioration du marché. Selon le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, «il y a suffisamment de pétrole sur le marché actuellement, mais il y a ‘'détérioration‘' des marchés». Le ministre a également déclaré que l'organisation pétrolière va examiner les facteurs de cette détérioration et voir s'ils sont liés à la baisse de la demande, à «l'excèdent» de l'offre ou à «d'autres facteurs». L'Opep a laissé, hier, sa prévision de demande de brut mondiale pour 2012 quasiment inchangée, notamment en raison des turbulences dans l'économie mondiale et de la volatilité des prix du pétrole. Dans son rapport mensuel de juin, l'Opep évalue à 88,69 millions de barils par jour (mbj) la demande de brut pour 2012, contre 88,67 mbj le mois précédent. Y. S.