De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Omar Sosa Afreecanos quartet a redonné à la musique jazz son fond spirituel, lors de l'unique concert de mardi soir dernier de la 10e édition du Festival international de jazz de Constantine, DimaJazz 2012. La spiritualité teintée de rythmes et de sonorités de trompette à la Miles Davis, avec une solide harmonie au clavier, piano et Rhodes signée de ce compositeur Cubain a donné une autre couleur à cette sixième soirée du festival. Toutefois, ces nouvelles sonorités seront appréciées différemment par les mélomanes. Certains quitteront la salle prématurément. Et Omar Sosa en est conscient. «Notre musique n'est pas une musique de fête. Elle est spirituelle. Son but est de faire méditer les gens et réorienter leur pensée vers une nouvelle façon d'écouter la mélodie», dira-t-il. Partant sur des petites intros inspirées des opus de Chopin, le jazzmen naviguera sur ses claviers et produira parfois aléatoirement un rythme imposé sur le champ, ce qu'il confirmera d'ailleurs lors de la conversation avec les journalistes en fin de spectacle. «Je joue de la musique sur mesure en m'inspirant du public du moment… Toi, lui, elle et Dieu», avouera l'artiste cubain. Côté influence musicale, Omar Sosa évoque quelques géants du jazz et de période classique, Thelonius Monk, Erik Satie, Chopin, mais aussi le chant sahraoui de chez nous qu'il a découvert avec le mâalem Barka Foulani qu'il a rencontré avec lequel il a partagé une scène à Alger. Quant à Miles Davis - pour lequel il composera un morceau incessamment - il demeurera un référant pour le pianiste compositeur. «Il a apporté divers changements et progressions à la musique jusqu'au dernier jour de sa vie». Evoquant la place du jazz dans les œuvres du quartet, Omar Sosa dira que «le jazz est une musique de l'âme à 100%. L'aspect technique, on lui consacre 10%». Concernant cette soirée qui aura divisé le public, l'artiste dira qu'il y a en effet des spectateurs «qui viennent pour la fête contrairement à d'autres qui viennent chercher le côté spirituel. Cette différence de conception ne me décourage pas du moment que je tire chaque improvisation de l'endroit où je me trouve. En Allemagne ou au Japon par exemple, des mélomanes s'intéressent à cette musicalité. Le free dans Afreecanos laisse entendre une liberté d'expression». Le quartet a présenté des morceaux évoquant en grande partie la liberté, une manière de dénoncer l'esclavage «sous ses multiples formes». Passage entre deux mondes, métissage, voyage vers le ciel, et des thèmes tirés de la musique de Satie et de Chopin ont été ainsi offert aux présents qui ont adopté et apprécié la philosophie musicale de Omar Sosa qui dit vivre chaque jour comme si c'était le dernier, mais pas à DimaJazz.