Parmi les amendements de la Constitution annoncés hier par le président de la République figure une disposition relative à la promotion des droits politiques des femmes. Sans pour autant en dévoiler le contenu. «[…] Vous vous souvenez qu'à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, j'avais loué l'importance des acquis méritoires réalisés par la femme algérienne ainsi que la place distinguée qu'elle a gagnée durant la glorieuse lutte pour la libération nationale et son immense sacrifice à cette fin. Cependant, ce qui a été réalisé reste en deçà de ce qu'elle mérite et de ce que nous ambitionnons pour elle», a notamment déclaré le premier magistrat du pays à la Cour suprême, exprimant ainsi sa déception de constater que les femmes algériennes ne se bousculent nullement au portillon de la scène politique. «[…] Nous avons donc veillé à ce que le projet de révision constitutionnelle comporte une disposition nouvelle consacrée à la promotion des droits politiques de la femme et à l'élargissement de sa représentation dans les assemblées élues, à tous les niveaux […].» Même s'il n'en a pas dévoilé les contours, il est clair que cette annonce n'a d'autre sens que celle de l'introduction du système des quotas pour les femmes. En somme, il est fort probable que la disposition en question fera obligation, du moins dans une première étape, aux partis politiques, de réserver un pourcentage (à déterminer) sur les différentes listes électorales qu'ils établiront sous peine de se voir exclus des rendez-vous électoraux. Cette annonce du président de la République tranche avec la position de principe qui était la sienne et qu'il avait exprimée à l'hôtel Aurassi le 8 mars 2005. C'était d'ailleurs en réponse à Mme Zohra Drif qui lui demandait d'aller plus loin dans la concrétisation des droits des femmes en les plaçant au centre des décisions, au même titre que les hommes. «Il ne faut pas se précipiter. La politique est un art et elle n'est pas à n'importe qui», avait déclaré le chef de l'Etat. Avant de poursuivre qu'il n'allait pas nommer un gouvernement composé à moitié de femmes sous prétexte qu'il faille promouvoir leurs droits. «Donnez-moi 20 Louisa Hanoune et je formerai un gouvernement de femmes», avait-il lancé. Histoire de préciser que la nomination aux postes de responsabilité était tributaire de la compétence aussi bien des femmes que des hommes, tout en invitant les premières à militer, se battre et s'imposer sur la scène politique. Toutefois, le poids de la société, les mentalités encore rétrogrades, aussi bien dans la famille que dans les partis politiques, n'ont pas contribué à l'émergence de femmes politiques et encore moins incité les partis à mettre sur leurs listes électorales des militantes qui risqueraient de leur faire de l'ombre. Cela si l'on excepte le Parti des travailleurs qui a réussi la prouesse, conformément à ses principes d'égalité en droits entre tous et en fonction des compétences, à faire élire 16 femmes députées dans l'actuelle APN. Le système des quotas est–il un mal nécessaire ? Tout porte à le croire. Cependant, et quand bien même il serait consacré par la Constitution, il sera confronté aux innombrables contradictions des textes en matière de droits des femmes. Rappelons quand même que le code de la famille amendé en 2004 les a maintenues dans un statut de mineures à vie, puisqu'elles restent soumises à la tutelle pour leur mariage, qu'elles sont sujettes à la répudiation à n'importe quel moment. Qu'elles n'ont pas droit au divorce, mais plutôt racheter leur liberté comme n'importe quel esclave. Qu'elles ne peuvent aucunement être tutrices de leurs enfants, sauf si leur époux venait à décéder. Aussi pourront-elles décider du sort d'une nation sans pour autant prendre en charge leur propre destinée ? F. A.