Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Marquer le 8 mars de chaque année est, depuis son accession au pouvoir, l'une des constantes chez le président Bouteflika. L'actuel locataire du palais d'El Mouradia partagera donc la Journée internationale de la femme, qui sera célébrée aujourd'hui, avec les représentantes des femmes de différentes franges de la société algérienne au palais des Nations. Le message du président de la République est très attendu en cette journée symbole d'autant qu'il a déjà apporté certaines modifications lors de la révision partielle de la Constitution, en novembre dernier, en faveur de la promotion de la femme. En effet, la loi initiée par le président Bouteflika, adoptée par 500 voix au Parlement, consacre une nouvelle disposition tendant à renforcer les droits politiques de la femme par une plus large représentation au sein des assemblées élues. Après cette révision, le Conseil national pour la promotion de la famille et de la femme a préconisé l'élaboration, au plus vite, d'une loi organique pour pouvoir traduire dans les faits l'introduction, dans la Constitution nouvellement amendée, du principe de la promotion des droits politiques de la femme. Une loi très attendue, du fait qu'actuellement il existe une discrimination (entre les hommes et les femmes) au niveau des instances électives, et cela malgré que les Constitutions successives de la République algérienne posent comme principe l'égalité entre les hommes et les femmes en droits et en devoirs. D'autre part, il est attendu du président de la République d'apporter plus de réponses sur la réforme du code de la famille, dont la dernière révision, en 2005, n'a pas satisfait entièrement les défenseurs des droits de la femme, malgré que les quelques changements apportés ont créé de violentes polémiques et de bruyantes contestations dans le clan islamo-conservateur. Les défenseurs des droits de l'égalité entre les femmes et les hommes visent l'application du code civil et l'abrogation totale du code de la famille. La femme algérienne ne cherche pas seulement une abrogation de la polygamie ou encore le droit de la femme au divorce et encore moins de choisir son tuteur. Parce que pour elle, la question se pose autrement : pourquoi avoir un code pour gérer une famille quand le code civil définit les droits et les responsabilités de chaque citoyen ? Pour quelle raison la femme doit-elle avoir un tuteur ? Dans le message qu'il a adressé hier à l'ouverture de la 2ème conférence nationale sur «la formation et l'accompagnement de la femme pour le développement socio-économique», le président Bouteflika a affirmé que la consolidation de la position de la femme au sein de la société constituait «l'une de nos priorités» ajoutant que «la volonté politique de l'Etat de prendre en charge les préoccupations de la femme et répondre à ses attentes» existe. Il a tenu également à rappeler que «l'Algérie a toujours été pionnière en matière de consécration du principe d'égalité des genres et de consolidation de la position de la femme au sein de la société en lui permettant de participer à la vie publique et d'accéder à la prise de décision». Après avoir réaffirmé l'attachement de l'Algérie, dès l'indépendance, à l'enseignement et la formation de la femme, le président de la République a souligné que «l'Etat n'a pas ménagé ses efforts pour le soutien et la promotion de la femme, et la préservation de ses pleins droits». Concernant les récents amendements de la Constitution relatifs à la femme, il a souligné qu'ils émanent «de notre reconnaissance de la valeur de la femme» et qu'ils dénotent «notre souci extrême de lui accorder la place qui lui revient de droit et qui lui sied au sein de la société algérienne». Une question s'impose, le chef de l'Etat prendra-t-il la décision politique pour une réelle promotion de la femme et non pas seulement des engagements solennels, alors que sa situation n'évolue guère ?