Photo : M. Hacène Par Samira Imadalou Les filières stratégiques agricoles sont au cœur des débats sur la sphère économique nationale et internationale. A chaque fois, la question est remise sur le tapis en Algérie, qui reste parmi les premiers à l'échelle mondiale. C'était le cas la semaine dernière, pour la filière céréalière, à l'occasion d'une réunion du Conseil Interprofessionnel sur les moyens d'assurer une meilleure sécurité alimentaire dans cette filière, tributaire des aléas climatiques. En effet, dans un pays semi-aride, la production en céréales varie en fonction de la pluviométrie enregistrée. Elle change d'année en année, même si le niveau a évolué, ces dernières années, particulièrement depuis 2009, année de production record d'une manière significative. Faudrait-il maintenir cette cadence pour inscrire dans la durée le niveau des productions céréalières ? Et ce, dans l'objectif de réduire les importations algériennes en céréales, qui représentent 60% des besoins. Pour cela, il y a lieu de prendre en charge l'ensemble des facteurs intervenant dans cette filière, à l'exemple de la recherche scientifique, dont l'absence freine l'essor de la filière. Car, tout comme c'est le cas pour les autres filières, la recherche n'avance pas au rythme souhaité dans la céréaliculture, où beaucoup de changements sont intervenus à travers le monde, alors qu'en Algérie, c'est la stagnation. Améliorer le rendement, tel que souhaité par les différents acteurs de la filière, est-il possible, dans les conditions dans lesquelles évolue cette filière stratégique ? C'est là toute la question à prendre en charge.Pour le président du CIC, Mohamed-Laïd Benamor, «c'est possible, mais pas dans l'état actuel de la filière, notamment celui de nos terres : Nous pouvons multiplier les rendements par 2,5 dans dix ans et atteindre les 45 quintaux à l'hectare en 2022, dans le blé tendre, et 55 quintaux à l'hectare, dans le blé dur.» Le développement de la recherche agronomique reste la condition nécessaire à assurer pour apporter les changements qu'il faut. Ça reste, en effet, le maillon faible de la filière. Les universités et les instituts spécialisés sont appelés, justement, à apporter leur appui dans ce cadre. Il s'agit, en fait, de développer ce créneau, pour optimiser notamment les potentialités des variétés locales. Or, nos céréaliculteurs sont très peu nombreux à s'intéresser aux nouvelles techniques de production et à faire appel aux ingénieurs agronomes pour les appuyer dans ce cadre. Comme ils sont rares à enregistrer de bons rendements. Tout simplement parce que les techniques utilisées dans la filière sont caduques, que ce soit dans la production ou dans le stockage. Il y a, selon le constat dressé la semaine dernière, une faible maîtrise du choix variétal, des itinéraires techniques de production et un déficit criard en conditions nécessaires de stockage, avec une forte utilisation des produits herbicides nuisibles pour la santé et l'environnement. Ce qui pèse, ainsi, sur la qualité des produits obtenus après transformations (semoule, pâtes alimentaires…). L'absence d'une étroite collaboration entre le monde de la recherche et celui de la production n'a pas uniquement des effets néfastes sur la céréaliculture, mais aussi sur d'autres filières agricoles, dans lesquelles l'Algérie reste dépendante vis-à-vis des importations. Relever, donc, le défi de la sécurité alimentaire tel que prôné par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural à travers la politique du renouveau agricole, passe inévitablement par la promotion de la recherche. S. I.
La céréaliculture par les chiffres - la céréaliculture occupe une superficie de 3,3 millions d'hectares, soit 70 % de la surface agricole utile nationale - Un marché de deux milliards de dollars en 2012 contre 1,5 milliard lors de la campagne précédente - L'Algérien consomme en moyenne 180 kilogrammes par an de céréales tous types confondus - Les besoins sont évalués à 70 millions de quintaux -La filière céréalière compte quelque 600 000 - La filière compte 100 000 emplois par an - Les prévisions tablent sur une production de 56 à 58 millions de quintaux lors de cette campagne 2011-2012 contre 45 millions de quintaux la saison précédente - Le prix de la tonne du blé tendre est passé de 250 dollars il y a une année à 286 dollars actuellement ; alors que celle du blé dur dépasse les 400 dollars/T actuellement contre 350 dollars à la même période de 2011 - Un rendement national moyen de 18 qx/ha a été enregistré durant la campagne en cours avec des pointes dépassant les 85qx/ha.