Les rendements moyens restent très modestes. Pendant que les besoins augmentent, la couverture de la demande par l'offre locale demeure très insuffisante. Le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements a organisé, dimanche passé, une journée d'étude sur le programme d'appui stratégique au secteur agroalimentaire, dont un certain nombre de filières, les céréales, le lait, les huiles et les viandes. Définir les filières où il paraît souhaitable d'accorder une priorité en raison de leur poids au sein de l'économie. L'enjeu étant de freiner les importations qui ont pris l'ascenseur ces dernières années, occasionnant une facture de plus en plus lourde pour le budget de l'Etat. C'est le cas des céréales par exemple. L'Algérie connaît une dépendance vis-à-vis de l'étranger pour satisfaire la demande en céréales, principalement les blés, mettant ainsi en péril la sécurité alimentaire et la souveraineté du pays. La production de blé n'est pas suffisante pour satisfaire les exigences d'une population à croissance rapide. L'écart entre la production et la demande est en constante augmentation. La consommation moyenne de blé par habitant est évaluée à plus de 220 kg/an, d'où un besoin total de 66 millions de quintaux pour une population de 35 millions. Les blés représentent 60% des apports énergétiques (calories) de la ration alimentaire de l'Algérien moyen, 70% des protéines totales et 88% des protéines végétales. La production moyenne est estimée à 22,5 millions de quintaux, d'où une couverture par des importations de l'ordre de 69% (6 millions de tonnes dont 4,5 millions de blé tendre et 1,5 million de tonnes de blé dur). Le coût de ces importations s'élève à plus de 1,5 milliard de dollars. Cette situation fragilise davantage le pays en raison de l'instabilité du marché international. Selon un document distribué lors de la rencontre, le système céréalier emploie plus de 675 000 personnes. Le système céréales en jachère couvre annuellement 5,5 millions d'hectares, soit 65% de la surface agricole utile. Sur les 5,5 millions d'hectares, 3,2 millions d'hectares sont emblavés en céréales dont 1,2 million d'hectares sont situés en zone potentielle. Le reste de la céréaliculture, soit 2 millions, est cultivé en zone intermédiaire et fragile. Les céréales, et spécifiquement les blés, sont essentiellement cultivées dans trois zones agro-écologiques. Cependant, les développements du blé dans ces zones rencontrent plusieurs contraintes, principalement les maladies dans la zone du littoral, la sécheresse de mi-cycle dans le sublittoral, la sécheresse et le gel dans les Hauts-Plateaux. Plusieurs facteurs sont à l'origine de la faible production céréalière, soulignent les rédacteurs du document. La céréaliculture est confrontée à une grande diversité des conditions écologiques, multipliant les difficultés pour mettre au point des itinéraires techniques performants. La diffusion du progrès technique est lente et le soutien en matière de vulgarisation actuellement apporté aux exploitations est encore insuffisamment adapté à leurs besoins et à leur très grande diversité. Il y a aussi la réticence des producteurs pour l'application des innovations techniques. Résultat, le rendement moyen à l'hectare est faible. Le document rappelle qu'un programme d'intensification par l'irrigation d'appoint est en cours de réalisation. Ce programme vise, à l'horizon 2013, d'atteindre un niveau de 51 millions de quintaux, soit 73% des besoins de la demande des produits céréaliers. Il a pour objectif l'augmentation de la production et de la productivité (un rendement moyen escompté de 40 q/ha); le renforcement des capacités de stockage au niveau des fermes et l'intégration de la filière. Selon les rédacteurs du rapport, la compétitivité de la filière est otage de deux stratégies peu conciliables : les acteurs de la filière sont limités dans leur choix stratégique. La satisfaction de la demande est totale, les importations répondent à une volonté de régulation par les prix à une période précise. La capacité de transformation, estimée à 10 millions de tonnes/an, représente deux fois les besoins du pays, l'amont de l'industrie dépendant du marché mondial des céréales avec toutes les fluctuations qui en découlent. “Notre sécurité alimentaire passe en premier par l'augmentation de la production, il est impératif d'augmenter les performances de production et d'introduire la notion de la qualité technologique des blés. Une variété est un tout : valeur technologique, potentiel de rendement, caractéristique agronomique et adaptation au territoire et au climat”, souligne le document. Meziane Rabhi