S'il y a une disposition nouvelle dans la future Constitution qui pourrait bien bouleverser l'ordre des choses, notamment au sein de la majorité des partis, c'est incontestablement celle relative à la promotion de la femme et de ses droits. «[…] Ce qui a été réalisé reste en deçà de ce qu'elle [la femme] mérite et de ce que nous ambitionnons pour elle. C'est la raison pour laquelle nous avons encore appelé à poursuivre l'effort pour promouvoir la place de la femme algérienne dans notre société et rendre encore plus efficace son rôle vital dans la construction et le développement national en levant les obstacles pour lui permettre une contribution plus grande encore, au même titre que son frère l'Algérien, et ce, dans tous les secteurs. Cette démarche vise à l'encourager, particulièrement, à prendre une part active dans l'activité économique, politique et associative. Nous avons donc veillé à ce que le projet de révision constitutionnelle comporte une disposition nouvelle consacrée à la promotion des droits politiques de la femme et à l'élargissement de sa représentation dans les assemblées élues, à tous les niveaux», a déclaré en substance Bouteflika. Cette nouvelle disposition devra donc obliger tous les partis, toutes les associations, tous les organismes administratifs et économiques à limiter les attitudes ségrégationnistes et sexistes à l'égard des femmes dont les compétences sont ignorées quand il s'agit de promotion, de candidature à un poste de responsabilité ou à un mandat électif communal, de wilaya ou national. Certains antiféministes pourraient invoquer le caractère antidémocratique de cette disposition dans la mesure où il s'agit vraisemblablement d'accorder à la gent féminine un quota dans toutes les assemblées élues et les associations, et de définir des modalités favorisant la promotion des femmes au sein des entreprises et leur accès aux postes de responsabilité. Cependant, la démocratie élastique qu'on invoque quand ça arrange ne suffit pas pour permettre à certaines catégories, même majoritaires ou égales, de jouir de tous leurs droits et de la citoyenneté pleine et entière. En Occident «démocratique», où la démocratie et les droits constitutionnels sont une réalité palpable, où les mentalités ont évolué et où la femme jouit d'espace de liberté et de droits très larges, le machisme continue à ignorer la loi et à mettre la femme devant le fait accompli d'une citoyenne de seconde zone quand il s'agit d'accéder à des postes de responsabilité politique et économique monopolisés par l'homme. Afin de bousculer l'ordre établi, il faut prendre le taureau par les cornes et forcer la main de ceux qui constituent au nom de n'importe quel argument un barrage face à l'émancipation sociale qui ne peut se réaliser sans l'émancipation de la femme. A. G.