Le 4 juillet prochain, soit la veille même de la célébration du cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie, le président du Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy), Khaled Kedad, est appelé à se présenter devant le conseil de discipline pour répondre des accusations d'abandon de poste, négligence des malades et incitation à la protestation. Le syndicaliste récuse les accusations portées à son encontre et toute l'Organisation autonome, représentant la corporation des psychologues, se mobilise pour arrêter la procédure. Et pas seulement elle. «Nous dénonçons ces décisions injustes et irresponsables. Nous ne pouvons nous taire devons ces atteintes aux libertés syndicales et aux libertés citoyennes. Nous sommes tous interpellés, en tant que syndicalistes et en tant que citoyens, pour défendre les libertés syndicales en Algérie», a déclaré hier le président de l'Unpef, Sadek Dziri, lors d'une conférence de presse organisée au siège du syndicat à Alger. Six autres syndicats étaient présents à ce rendez-vous avec la presse pour exprimer la même position : «Nous sommes unis pour la défense des libertés syndicales en Algérie». Ces syndicats sont le Snpsp, le Snpssp, le Snapest, le Cnes, le Syndicat des enseignants en paramédical et, bien sûr, le Snapsy. Ainsi, les organisations autonomes se retrouvent à nouveau et s'allient pour un même objectif. Pour rappel, Khaled Kedad a été suspendu de ses fonctions le 6 juin dernier, une semaine après un rassemblement bruyant organisé par les syndicats de la santé, devant le siège du ministère de tutelle. Au nom de ses camarades psychologues et des autres organisations autonomes du secteur, il a appelé au départ du ministre, Djamel Ould Abbès. Les syndicalistes reprochent notamment au représentant du gouvernement son mépris envers le partenaire social. «Alors que nous attendions du ministre l'ouverture des portes du dialogue, il met de l'huile sur le feu. Il continue de nous traiter avec mépris, alors que c'est du respect et de la considération que nous exigeons de lui», a poursuivi le représentant de l'Unpef. Meziane Meriane du Snapest prévient contre d'autres conséquences fâcheuses pouvant venir, cette fois-ci, des travailleurs et de la société civile: «Chaque fois qu'il y a des atteintes aux libertés syndicales et qu'il y a verrouillage de la société civile, c'est la cohésion et la stabilité sociale qui sont en danger.». Et ce dernier de lancer un appel aux partis politiques pour réagir à ces «dérapages», au moment même où les pouvoirs publics se félicitent de la levée de l'état d'urgence et font de belles promesses d'ouverture du champ politique en Algérie. «On revient à la case départ», constate le représentant du Snapest. Pour Dr Mohamed Yousfi, les partis politiques ont failli dans leur mission de défendre les causes citoyennes : «Ce n'est pas normal que ce soit nous, les syndicats autonomes, qui faisons le travail des partis politiques. Quel rôle leur reste-t-il alors?» Et le représentant des praticiens spécialistes de poursuivre : «Ce n'est pas seulement un problème de conscience mais d'obligation. Les partis politiques doivent s'exprimer sur ces restrictions et ces atteintes aux libertés des travailleurs.» L'ensemble des syndicats réunis hier attend une réponse favorable des services du ministère de la Santé en ce qui concerne leur demande d'arrêter la procédure engagée contre leur camarade du syndicat des psychologues. Dans le cas contraire : «Nous allons arrêter tout un programme de protestations à mettre en marche à partir de la semaine prochaine». Aussi, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sera-t-il saisi par écrit.