Photo : Riad Par Amar Rafa La révolution algérienne a bénéficié de soutien prépondérant de la part de pays frères et amis, notamment arabe et du Bloc de l'Est, dont la solidarité s'est exprimée par diverses formes morales et matérielles. Dans une conjoncture marquée par la guerre froide, la révolution algérienne a su mettre à profit ces antagonismes pour arracher le soutien nécessaire à sa cause. C'est ce qu'ont démontré des historiens et chercheurs, qui intervenaient en séance d'après midi du colloque «50 ans après : libérer l'histoire», conjointement organisé par La Tribune et le Cnrpah. Lors de son intervention, ayant pour thème «l'historiographie suisse sur la guerre d'Algérie», Marc Perrenoud a retracé quelques aspects du soutien de la Suisse à la révolution algérienne, en soulignant notamment la politique de «neutralité active» développée par son pays, et dont le sommet a été la tenue des Accords d'Evian ayant abouti à l'indépendance du pays. Le 9 octobre 62, devant l'Assemblée générale des Nations unies, qui accueillit l'Algérie comme nouveau membre, le président Ben Bella a exprimé la reconnaissance du peuple algérien envers la suisse. Une année après il le renouvellera, a-t-il indiqué, en rappelant que son pays avait accueilli les négociations secrètes entre le FLN et la France en 61 et 62. Le conférencier a énuméré, dans ce sens, les facteurs ayant favorisé le développement des relations, ce qui s'est traduit par un élan de sympathie pour la révolution algérienne de la part de journalistes, ou des réseaux de soutien français comme le réseau Jeanson. La politique de neutralité active développée s'est traduite par les dénonciations de la torture en 1959 par la Suisse, qui a abrité toutes les différentes étapes de négociations entre les représentants de la Révolution et de la France. Le conférencier n'a pas manqué d'aborder en contrepartie les facteurs qui ont contribué à la complication des relations entre l'Algérie indépendante et la Suisse. Taubert fritz, dans sa contribution à la recherche sur le phénomène de décolonisation : «La situation diplomatique entre RFA, RDA, France et Algérie en guerre», a d'emblée fait remarqué que la guerre d'Algérie était l'un des sujets de la guerre froide, notamment de la doctrine qui reposait sur le principe de représentation diplomatique exclusive de l'Allemagne par la RFA. D'un côté la RDA, aidait le FLN en envoyant matériel de guerre et en accueillant les étudiants algériens. La RFA, de son côté, qui a joué la prudence en raison de la conjoncture marquée par la réconciliation avec la France, en voulant ménager les pays arabes pour qu'ils ne reconnaissent pas la RDA, a également montré des signes d'intérêts pour la Révolution, en ouvrant un bureau des affaires sociales au profit des Algériens.S'ensuivra la Conférence de Nagy Laszlo sur le projet de société pour les pays du tiers monde dans les années 60, où il souligna «la volonté de créer la société de justice sociale qui animait les leaders des pays indépendants dans les années 60». Des intervenants du Maroc, Aziza Mimoun, et de la Tunisie, Hedi Bekkouche, ont mis en relief l'aide multiforme des deux pays voisins à la révolution algérienne, au temps où l'unité maghrébine faisait encore rêver.