Photo : S. Zoheir Par Wafia Sifouane Cinquante ans après l'indépendance, voilà qu'une grande palette d'intellectuels et chercheurs venus des quatre coins du monde se réunissent pour évoquer ensemble la pensée et l'œuvre de l'un des plus éminent des penseurs qu'a eu l'Algérie Frantz Fanon. A l'occasion de la tenue du colloque international «Esprit Frantz Fanon» organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel et Apic édition qui s'est ouvert hier matin à l'espace Laâdi-Flici en présence de la ministre de la Culture et de M. Reda Malek, trois chercheurs ont animé la première séance de cette rencontre baptisée «Nous ne voulons rattraper personne». Présidée par M. Omar Lardjane, la séance matinale a été inaugurée par l'intervention de l'économiste égyptien Samir Amin. Dans sa communication «Frantz Fanon en Afrique et en Asie», l'intervenant a procédé à une présentation de l'aspect politique de la pensée fanonienne «une pensée qui dépasse largement le contexte historique dont elle s'est inscrite», dit-il en ajoutant «Fanon fait partie des penseurs qui ont le mieux compris la nature du défi auquel les peuples doivent faire face à savoir le capitalisme , un capitalisme fondé sur la dépossession, l'exploitation et l'oppression des peuples», affirme Samir Amin. Il ajoute aussi que «les grands mouvements de libération nationale en Asie et en Afrique entrés en conflit ouvert avec l'ordre impérialiste se sont heurtés, comme ceux qui ont conduit des révolutions au nom du socialisme, aux exigences conflictuelles de la reconstruction nationale», dit-il. Par ailleurs en abordant le sujet des grandes révolutions du 20e siècle, Samir Amin a estimé que «le 20e siècle s'est amorcé dès le départ par des mouvements révolutionnaires qui ont conduit à des transformations gigantesques. Cette 1re vague de révolutions s'est par la suite essoufflé pour qu'aujourd'hui arrive la 2e vague qui est marquée par l'apparition des mouvements néo-libéraux et des illusions données par les grandes classes politiques», affirme l'intervenant. Il clôture sa communication en soulignant que «nous sommes dans un moment crucial, celui de l'automne du capitalisme, mais il n'y a pas encore de printemps des peuples», dit-il. Pour sa part, l'Hindou Aijaz Ahmad a présenté une communication intitulée «Frantz Fanon, philosophe révolutionnaire». Il s'est d'abord focalisé sur la perception des œuvres de Fanon en Inde «Fanon est l'un des premiers à avoir clarifié ce qu'est vraiment le colonialisme. Tous ce qui a été dit par Fanon à propos du colonialisme s'est amplifié avec le temps telle une prophétie», dit-il. Se focalisant surtout sur la post-indépendance des peuples colonisés, le conférencier affirme «l'indépendance a surtout été la nationalisation des biens pris par les colons et les céder à l'élite nationale», déclare Ahmad Aijaz en ajoutant «les peuples n'ont rien arraché de leurs indépendances. Pire que cela ils ont fait face aux dangers des nouveaux Etats indépendants qui vont contre les espérances du peuple», dit-il.