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Des étrangers écrivent notre histoire à partir de leur point de vue Troisième et dernier jour de la rencontre «Algérie, 50 ans après : libérer l'histoire»
La rencontre intitulée «Algérie, 50 ans après : Libérer l'histoire» s'est achevée mardi en début de soirée par la projection du film «la traversée» d'Elisabeth Leuvrey. Le film revient sur la vie des émigrés à travers leurs propres témoignages, que la réalisatrice a recueilli sur le bateau qui les ramenait à Marseille après des vacances passées en Algérie. La projection a été précédée par la poursuite des communications qui auront duré trois jours. La journée de mardi a été marquée par l'intervention de l'enseignant-chercheur Smaïl Hadj Ali, intitulée «Le traitement de la crise algérienne de la décennie 1990 par la sphère savante française». L'orateur a dénoncé la méthode avec laquelle certains chercheurs et penseurs français ont traité de la décennie rouge. «Ils ont versé dans une troublante proximité avec le registre propagandiste dans leurs écrits se rapportant à la décennie 1990 en Algérie.» Selon M. Hadj Ali, ces chercheurs «se croient réservé le droit de faire, à travers des écrits, de la connaissance à fabriquer des opinions». Ce qui est loin, toujours selon le même intervenant, ne participe pas «de la vraie démarche scientifique». Il a déploré que ces mêmes chercheurs aient inversé les rôles en traitant les terroristes de maquisards et les groupes d'autodéfense de miliciens, «eux qui ont versé leur sang et défendu les citoyens algériens». Il a dénoncé le parallèle que ces chercheurs ont établi entre «les résistants à l'armée nazie et les collaborateurs avec Hitler.» «Déposséder les Algériens de leurs référents» Pour sa part et intervenant mardi matin à l'établissement Arts et culture de la wilaya d'Alger, Mohamed El Korso a indiqué que l'«institutionnalisation de l'approche de de Gaulle de la chose historique et son adoption par la droite française et même par la gauche, l'a transformée avec le temps en une culture politique.» Et d'ajouter : «de Gaulle a tracé la feuille de route pour les dirigeants qui lui succèderont en les rendant responsables de ce que la France considère comme son ancien legs, ses intérêts actuels et ses espoirs d'avenir dans ses anciennes colonies.» Allant plus loin, M. El Korso dira en se basant sur les mémoires de Charles de Gaulle, que ce dernier «a fait de l'histoire le pilier central de l'Etat français de son ère à nos jours en axant particulièrement sur l'histoire de l'Algérie». Le conférencier a estimé que «la France, qui a utilisé l'histoire au service de son projet d'occupation au 19e siècle, s'évertue depuis l'accession de ses anciennes colonies à leur indépendance, d'exploiter politiquement ce créneau au service de ses intérêts. Elle tente présentement de parachever l'édification de son histoire nationale en la liant abusivement à l'histoire des anciennes colonies et l'inscrivant dans son patrimoine culturel et civilisationnel». Pour El Korso il ne s'agit ni plus ni moins que d'un hold-up qui a commencé en 1830 à la veille de l'occupation. Un hold-up qui ne concerne pas uniquement les archives et les pièces archéologiques. Cet hold-up «consiste à déposséder les Algériens de leur histoire par la falsification et la dénaturation de leur passé de manière à ce que les jeunes générations qui n'ont pas vécu la période coloniale perdent leurs référents d'origine». El Korso en veut pour preuve les rencontres quasi quotidiennes en France, les «articles parus dans les périodiques, les documentaires des chaînes satellitaires françaises sur le cinquantenaire de l'indépendance, n'ont pas seulement politisé l'Algérie mais tenté de déposséder les Algériens de leur histoire». Aussi, il serait judicieux d'accorder un plus grand intérêt pour l'histoire, selon lui. Parce qu'elle constitue «une partie de la souveraineté nationale de l'Etat et qu'elle est menacée». F. A.