A l'occasion du 54e anniversaire du déclenchement de la lutte de libération nationale du glorieux Novembre 1954, il est nécessaire de restituer aux nostalgiques de «l'Algérie française» la réalité des épisodes tragiques que nous avons vécus dans le sang et la douleur. Pour cela, la Tribune publie les bonnes feuilles du livre Lettre à René, de Kamel Bouchama, qui est déjà paru, pour répondre à cette loi scélérate de l'Assemblée nationale française du 23 février 2005, une loi qui positive la présence colonialiste en Algérie et ailleurs. Ainsi, pour fêter cet événement, il est opportun de rappeler aux jeunes le prix qu'a payé notre peuple pour recouvrer sa souveraineté nationale. Il faut, en ces occasions marquantes, leur expliquer le sacrifice des Algériens et notamment celui de la jeunesse qui, pendant plus d'un siècle, a mené une lutte sans merci contre les tenants du colonialisme. Et aujourd'hui, l'opportunité nous est donnée de nous souvenir de toutes ces péripéties qui nous ont menés vers une véritable lutte de libération nationale, une lutte qui a fait entendre aux colonisateurs ce dont nous étions capables sur le terrain de la confrontation. Alors, en cet anniversaire du déclenchement de notre combat héroïque, nous ne pouvons ne pas nous rappeler les épreuves que nous avons subies pendant longtemps, sous un régime qui n'avait aucune considération pour les «êtres humains» que nous sommes et les «citoyens dignes» que nous avons toujours été, car ce régime affectionnait l'esclavage, l'oppression, l'horreur, la misère et l'atrocité. Pour tout cela, je publie ces bonnes feuilles qui dénoncent cette exploitation sauvage de notre peuple et de nos diverses potentialités, afin que les jeunes puissent considérer à leur juste valeur les sacrifices de leurs aînés dans cette bataille du destin, menée contre un régime totalitaire qui nous a asservis pendant plus de 130 années. Les publier maintenant, avec des mots simples et pleins d'intensité, c'est s'insurger contre la répudiation de la vérité. Ainsi, je rejette la fausse interprétation politique de l'Histoire qui peut pousser à la dérision, et je vais au fond des choses en réclamant haut et fort, à travers cette «correspondance», que j'envoie à un supposé camarade de classe, ce que la colonisation veut dire. En d'autres termes, je dénonce les inégalités, les désastres, la misère, la spoliation des terres, l'atteinte à la dignité humaine, la torture, bref toute la perversité, la grande folie de la colonisation. Mais je dis enfin, en guise de conclusion : «Une nation peut sortir grandie aux yeux du monde en reconnaissant ses erreurs.» En attendant cette position courageuse, nous ne pouvons être complaisants, en essayant d'occulter ou de faire taire le passé, sous prétexte que nous avons tourné la page. Cela peut nous rendre amnésiques au point de ne plus nous exprimer franchement, hautement, sur notre glorieuse révolution, ou encore mieux, de ne plus l'enseigner à notre jeunesse..., qui sait ? K. B.