Photo : S. Zoheir Par Amirouche Yazid Au terme de la visite qu'il a effectuée en Algérie pour préparer celle de François Hollande, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius repart sur une bonne note. À la fin de l'audience que lui a accordée, hier, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, il a annoncé un bel avenir pour le partenariat algéro-français. «Je peux dire que nous avons tous les éléments pour faire un grand chemin ensemble», a déclaré le chef de la diplomatie française. Avant d'être reçu par Bouteflika, Fabius a eu, dans la soirée de dimanche, une séance de travail avec Mourad Medelci dans laquelle la situation au Mali a pris une place prépondérante. Au centre des discussions entre leurs ministres des Affaires étrangères, Alger et Paris tentent de rapprocher leurs visions respectives sur la crise malienne. A la conférence de presse animée dans la soirée de dimanche, Mourad Medelci et Laurent Fabius ont défendu l'idée selon laquelle il n'y aurait pas d'opposition entre les options de chaque pays. «Nos démarches sont souvent présentées comme opposées. La France est décrite presque comme militariste dans sa réponse à cette crise et à l'Algérie qui prône la solution politique il est prêté une sorte d'angélisme. En réalité ce n'est pas du tout cela. Nous défendons la même démarche», a soutenu Fabius. Côté algérien, Mourad Medelci soutient que «le temps est encore au dialogue politique». Mourad Medelci ne cadenasse pas cependant la position algérienne. «L'Algérie n'exclut aucune solution», dira t-il. Avant d'ajouter que «la solution militaire, aujourd'hui, n'est pas la bonne. C'est la solution politique et le dialogue qui doivent prévaloir». Mourad Medelci déclare, par ailleurs, que «la solution au Mali est entre les mains des Maliens qui peuvent trouver dans les pays du champ, l'aide nécessaire en cas de besoin». Par la voix de leurs ministres des Affaires étrangères, Alger et Paris nuancent leurs divergences quant à la «solution» portant intervention militaire au Mali. Avant sa venue en Algérie, le ministre français des Affaires étrangères annonçait l'imminence d'une intervention militaire. «A partir du moment où la légalité sera rétablie au Sud, il faut s'intéresser au Nord, c'est-à-dire qu'à un moment ou à un autre, il est probable qu'il y aura utilisation de la force», a-t-il déclaré. Son président, François Hollande, déclarait, pour sa part, le 14 juillet, qu'il faut «d'abord qu'il y ait un véritable gouvernement au Mali qui puisse prendre ses responsabilités, pour qu'une intervention dans le cadre de l'Union africaine et des Nations unies puisse se faire». Hollande a déclaré qu'il appartient «aux Africains de déterminer et le moment et la force». Mourad Medelci tient à ce propos à rappeler qu'il y a nécessité à évaluer toutes les hypothèses. Il a réitéré, dans ce sens, que «l'Union du Maghreb arabe et l'Union africaine sont contre l'utilisation de la force». La France sera-t-elle ainsi amenée à abandonner son option portant intervention militaire au nord du Mali ? C'est d'autant plus possible que la solution préconisée par Paris ne semble pas trouver de partisans. C'est le cas de l'Union africaine, qui maintient sa position favorable à une solution politique à la crise malienne. Dans un entretien à Jeune Afrique, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a soutenu que «l'Algérie n'a pas les moyens de régler les problèmes du Mali», et que «les problèmes du Mali ne peuvent être réglés que par les Maliens eux-mêmes et je crois en leur capacité à ouvrir le dialogue au Nord et à reprendre les positions que l'armée a perdues». A. Y. Trois des sept otages algériens libérés Trois parmi les sept diplomates algériens enlevés à Gao, nord du Mali, ont été libérés. Enlevés depuis le mois d'avril dernier, ils sont désormais en Algérie, selon le ministre des Affaires étrangères. «Trois d'entre eux ont été libérés et sont aujourd'hui dans le pays, nous avons l'espoir de les voir tous revenus dans le pays», a déclaré, avant-hier, Mourad Medelci, au cours de la conférence de presse animée avec son homologue français Laurent Fabius, en visite en Algérie. Il a tenu à dire qu'il ne peut pas donner d'autres indications au sujet des quatre autres diplomates «pour des raisons liées à leur sécurité».