Avec un tel titre, d'aucuns penseraient que le chroniqueur aurait des tics de langage et une prédilection pour les mots, anciens et nouveaux. Mais, tic ou pas tic, les mots, comme l'algérois «intik», c'est son métier. Et il en faut pour chroniquer ce coup-ci sur les TIC, dites aussi NTIC, toujours en majuscules et au pluriel sans le S. Sinon, ce serait gloser sur on ne sait quels tics, les manies, en minuscules et avec le S du pluriel. Ce qui ne serait pas intik, comme on dit à Alger, ce serait même une mauvaise manière. Non, non, il est juste question de l'acronyme NTIC et de ce qu'en font certains jeunes algériens. C'est en relation avec leur rapport aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il s'agit surtout de parler d'étudiants vraiment intik. De véritables geeks, pas du tout des nolife, ces addicts solitaires du Web. Non, non, plutôt des créatifs éminemment sympathiques. Trois étudiants bien de chez nous, bien dans leurs Nike et dans leur tête, qui ont brillé dans les TIC. Avec eux, intik les TIC ! C'est qu'ils ont gagné une compétition internationale qui met en concurrence mondiale les neurones de jeunes développeurs de solutions logicielles et d'applications qui vont avec. Grâce à ces winners des instituts nationaux d'électronique et d'informatique, l'Inelec et l'ESI d'Alger, assorti d'un autre technicien de Chlef, l'Algérie monte, pour la première fois, sur le podium d'un concours international organisé par le géant Microsoft. Comme disent des intik parmi nos amis Kabyles, yahraq dine uqavach, ça, ce n'est pas rien ! A Sidney, entre le 6 et le 10 juillet 2012, nos trois bidouilleurs de trucs sur les TIC, regroupés au sein d'une dream team nommé The Klein, ont été gratifiés dans la catégorie Windows Azure. Avec un projet vraiment intik, c'est-à-dire utile pour les gens, nommé DialLife, une plateforme révolutionnaire qui répond aux besoins des diabétiques, avec des solutions simples, intuitives et multi-supports (Web, Windows 8, Windows Phone 7). Ah le Klein ! Mot allemand à l'origine, qui renvoie à ce qui est smart et beautiful et, aujourd'hui, à la technologie de la relation. C'est tellement beau et ça évoque aussi la fameuse bouteille de Klein, le mathématicien allemand qui a conceptualisé la surface fermée, sans bords et non orientable pour laquelle il est impossible de définir un intérieur et un extérieur. Vous pigez, bandes d'intik des TIC ? Voila que trois lascars des wikis et du Peer to Peer, avec un nom de compétition qui évoque le serpent qui se mord la queue, démontrent à Sidney, lors de la 12è édition de Imagine Cup 2012, qu'Algérien ne rime pas avec rien ! Et, allez, même si c'est vachement ringard et culture FLN, il faut dire qu'ils l'ont fait, nos petits lascars, au moment même où le pays célébrait les noces d'or de son Indépendance. Ce n'est pas beau ça ? Ils l'ont réalisé à l'instant même où d'autres Algériens développaient une espèce de machin-chose, pas intik du tout, qui s'appelle le négationnisme et se nomme auto-flagellation. On les a bien vus, ces masos, ces défaitistes pas jeunes du tout, surtout sur le Net. Ils exprimaient, telle une litanie, dégoût viscéral, désespoir incurable et abattement collectif, carburants pas du tout bios de la haine de soi. Sous prétexte que le régime, qui a déçu les rêves de l'Indépendance, n'a pas été intik avec son peuple, ils ont perdu l'estime de soi et la confiance en soi. La première est en rapport avec ses propres valeurs. La seconde, avec ses propres capacités. Comme si, le 5 juillet 1962, on n'avait pas gagné le jackpot en chassant le colonialisme ! A Sidney, trois p'tits gars d'Alger et de Chlef, qui ne confondent pas Ben Mhidi et Bigeard, ont démontré que nous sommes ce que nous pensons d'abord de nous-mêmes et, ensuite, des Autres. Ils n'ont rien demandé au régime de leur pays, qui ne leur a rien donné non plus. Là-bas, au pays des kangourous, ils ont, d'un clic de souris, élevé de mille crans, le niveau de l'estime de soi et de la confiance en soi chez l'Algérien. Ils ont brandi le drapeau de leur pays et, demain, qui sait, ils seraient des senior-managers chez Microsoft. Intik les NTIC ! Il parait que le mot intik est un vocable de dockers algériens qui l'auraient fait dériver du français «intact». Pour dire que c'est OK pour la marchandise manuellement chargée ou déchargée. A Sidney, l'estime de soi et l'amour de l'Algérie, indépendamment du pouvoir, étaient intacts. N. K.