Le président de la Réserve fédérale américaine, n'a pas rassuré les investisseurs lors de son audition semestrielle devant la commission bancaire du Sénat à 16 heures (fuseau horaire français) aux Etats-Unis. Ben Bernanke a reconnu que la croissance économique du pays s'était encore affaiblie au printemps et que les perspectives d'amélioration sur le front du chômage étaient plutôt moroses. Autre mauvaise nouvelle, s'il a réaffirmé être prêt à prendre de nouvelles mesures pour soutenir la reprise de l'économie, il ne s'est toutefois pas prononcé sur un nouveau plan d'assouplissement monétaire espéré par les opérateurs. Très attendue par les marchés financiers mondiaux, l'intervention du président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, devant le Sénat n'a fourni aucun indice sur les mesures qu'il compte prendre pour stimuler une économie américaine terne, mais a exprimé de fortes inquiétudes sur la crise budgétaire et d'endettement des Etats-Unis. Dans sa présentation de la situation de l'économie de la première puissance mondiale, le patron de la Fed a déclaré mardi que son institution était prête à prendre d'autres mesures si la croissance ne se redressait pas, alors que des analystes conjecturaient sur une éventuelle annonce de lancement d'une autre opération de rachats d'obligations du Trésor pour faire baisser les taux d'intérêt à long terme et encourager, ainsi, plus d'emprunts et de dépenses. Mais les plus avertis ne croyaient pas vraiment qu'une telle mesure allait être annoncée par la banque centrale fédérale étant donné que ce dispositif, appelé plan d'assouplissement quantitatif, ne peut être instauré que dans le cas où l'économie américaine était menacée de récession. Même si la reprise économique des Etats-Unis demeure fragile et que la situation financière reste obérée par un gros déficit budgétaire et une dette publique qui dépasse les 16 000 milliards de dollars, le FMI lui prévoit, toutefois, une croissance de 2% pour 2012, se classant mieux que la zone euro dont la croissance devrait être négative de -0,3%. Mais pour M. Bernanke, cette croissance pourrait ralentir davantage si la crise de la dette s'aggravait en Europe et si le Congrès ne traite pas une crise budgétaire imminente avant la fin de l'année. «L'économie et les marchés financiers en Europe restent soumis à de fortes tensions, et cette situation affecte les conditions économiques et financières dans le reste du monde, notamment aux Etats-Unis», a-t-il commenté, ajoutant qu'une éventuelle aggravation de la situation en Europe constitue toujours un risque important pour les perspectives. Dans son audition devant le Sénat, il a avoué que la Fed ne pouvait pas tout faire pour aider l'économie américaine. Selon lui, «le moyen le plus efficace pour que le Congrès puisse contribuer à soutenir l'économie, c'est d'«œuvrer, le plus tôt possible, pour relever le défi budgétaire du pays d'une manière qui prenne en compte à la fois la nécessité d'une stabilité à long terme et la fragilité de la reprise». Dans ce sens, il a prévenu que cette reprise pourrait être compromise par, ce qui est appelé par les Américains, le «précipice budgétaire» qui signifie qu'en cas d'absence d'accord au Congrès sur la façon de réduire la dette publique, des mesures de relance et de réductions d'impôts expireront simultanément avec l'entrée en vigueur, en 2013, de baisses automatiques des dépenses publiques dans les secteurs de la défense et de la santé notamment. Ces sanctions automatiques pourraient se traduire par une contraction de l'économie américaine de 1,3% au premier semestre 2013. Usant d'un ton inquiet, M. Bernanke a appelé les législateurs à trouver un accord, dans l'immédiat, pour contrecarrer cette menace par un plan «crédible» de maîtrise du déficit budgétaire et de l'endettement. Un «précipice budgétaire», selon lui, pousserait l'économie américaine à la récession en 2013. Cette hypothèse avait été également avancée lundi par le FMI selon lequel tout désaccord au Congrès pour le traitement du déficit budgétaire structurel des Etats-Unis, se traduirait par un arrêt de la croissance américaine en 2013. R. E.