Synthèse de Rabah Iguer Le président de la Banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a averti hier qu'un défaut de paiement des Etats-Unis créerait des «problèmes énormes» pour le pays et une «crise majeure» à l'échelle mondiale. Si les Etats-Unis venaient à manquer à leurs obligations vis-à-vis de leurs créanciers, «cela serait une crise majeure» qui «enverrait des ondes de choc à travers l'ensemble du système financier mondial», a déclaré M. Bernanke devant la Commission des services financiers de la Chambre des représentants, alors que le Congrès a moins de trois semaines pour relever le plafond d'endettement du pays. Alors que les bons du Trésor américain sont considérés dans le monde entier comme un placement extrêmement sûr, M. Bernanke a averti qu'un défaut de paiement aurait aussi des conséquences dramatiques pour l'économie américaine. Cela créerait des «problèmes énormes», a-t-il dit avant d'ajouter : «Les taux d'intérêt commenceraient à monter» à mesure que les créanciers remettraient en question la capacité du pays à rembourser ses dettes, ce qui «affaiblirait notre économie et alourdirait encore notre déficit». Le chef de la Réserve fédérale a illustré son propos par une référence à l'Europe, où le coût du financement des Etats jugés les moins solvables est monté en flèche. «Nous voyons cela en Europe. Il y a un cercle vicieux qui peut être difficile à casser», a-t-il dit en réponse à une question sur une éventuelle flambée des taux d'intérêt aux Etats-Unis en cas de défaut de paiement. Faisant référence au fait que le relèvement du plafond de la dette est rendu nécessaire par les dépenses entraînées par les lois votées par le Congrès, M. Bernanke a estimé que ne pas le relever équivaudrait à «dépenser comme un fou avec sa carte de crédit et refuser ensuite de payer la facture». Le département du Trésor estime qu'il ne pourra pas éviter de se retrouver en défaut de paiement si le plafond légal de la dette publique du pays n'est pas relevé d'ici au 2 août. Le gouvernement et les élus du Congrès négocient depuis plusieurs semaines un plan d'économies budgétaires sur dix ans qui permettrait de lever l'obstruction des républicains au relèvement du plafond de la dette, mais les discussions piétinent. «Il faut à la fois un relèvement du plafond de la dette qui nous permettrait d'éviter un défaut» de paiement, mais «aussi que nous prenions des mesures sérieuses pour changer la trajectoire intenable de notre situation budgétaire» à long terme, a-t-il dit aux élus. «Je pense que ces deux objectifs peuvent être atteints.»