Photo : Sahel Par Amar Rafa En dépit de la cherté des produits de large consommation (viandes, fruits et légumes) qui revient telle une rengaine, spécialement en chaque début du mois sacré du Ramadhan, le citoyen groggy par le jeûne dépense sans compter. Cette année ne déroge pas à la règle. Pis encore, les travailleurs ne savent plus à quel saint se vouer puisque les augmentations salariales décidées ces derniers mois au profit des travailleurs de plusieurs secteurs ont été absorbées par l'inflation galopante des produits de première nécessité due à la dérégulation du marché. Devant un tel constat, deux organisations nationales à caractère social, ont décidé de réagir et tenté d'y remédier un tant soit peu. L'Ugta et le Cnes ont, en effet, suite à une réflexion commune, décidé de saisir les pouvoirs publics à travers une série de propositions et de recommandations, pour préserver le pouvoir d'achat des Algériens. Un mémorandum sur «la politique de maîtrise des prix et la sauvegarde du pouvoir d'achat des travailleurs et des citoyens», a été «finalisé» et sera transmis au président de la République, indiquent mardi les deux parties dans un communiqué commun. «L'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) et le Conseil national économique et social (Cnes) avaient, de concert, décidé d'engager une réflexion aux fins de produire un mémorandum relatif à la politique de maîtrise des prix et la sauvegarde du pouvoir d'achat des travailleurs et des citoyens», précise le communiqué. Ce produit est le fruit du travail d'un comité ad-hoc mis en place le 6 mai dernier. Il a été également précédé par de «larges consultations» auprès d'administrations centrales, d'institutions et d'organisations de la société civile, soutient-on de même source. À l'installation de la commission chargée d'élaborer un mémorandum pour la sauvegarde du pouvoir d'achat des travailleurs, le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, avait déclaré que «c'est légitime de la part des travailleurs qui disent : oui nous avons obtenu des augmentations de salaires, mais ces augmentations nous ne les ressentons pas, du fait de la flambée des prix». Le mémorandum qui comporte des propositions et recommandations à visée opérationnelle sur les courts et moyens termes, concerne les deux aspects essentiels : la production et la distribution. S'agissant de l'aspect lié à la production, les deux partenaires proposent la baisse des charges fiscales et parafiscales, en vue de favoriser l'augmentation de la production. En sus de cela, ils proposent de créer de nouveaux maillons de la chaîne actuellement absents des circuits de production et de distribution, en ce sens qu'ils proposent de revenir aux grandes entreprises de distribution ou de centrales d'achat destinées à réguler les produits de large consommation. La finalité étant d'aboutir à la maîtrise de la production, et la réduction au maximum du nombre d'intermédiaires dans la chaîne de distribution. Ce qui s'apparente à un retour du monopole de l'Etat, ce dont s'en défendent les initiateurs de ce mémorandum, arguant que le projet repose sur un partenariat privé-public. Amar Takdjout, secrétaire national de la Fédération des travailleurs du textile (Ugta), a, dans ce sillage, déploré l‘absence de chaîne de froid, de marchés de gros et pas de centrales d'achat, affirmant, qu'il y a «une anarchie qui s'est installée et le marché est livré à lui -même». Il a précisé que, «l'objectif n'est pas de revenir au système ancien», mais de définir le rôle de l'Etat et son implication ainsi que l'implication des acteurs économiques.