Trente ans après la découverte du virus du Sida, les efforts se multiplient pour faire reculer cette pandémie dévastatrice. Après des années de recherches et d'études, la Société internationale sur le sida (SID), qui rassemble des chercheurs à la pointe du combat contre le VIH, a révélé à Washington, aux Etats-Unis, une nouvelle stratégie visant à parvenir à une guérison en s'attaquant aux réservoirs où se dissimule dans l'organisme le VIH combattu par des antirétroviraux. Ces traitements découverts dans les années 90 permettent de contrôler le virus du sida et de préserver la santé des personnes contaminées, mais pas d'éradiquer le pathogène. La nouvelle stratégie, élaborée au cours des deux dernières années, a été présentée avant le début de la 19e Conférence internationale sur le sida prévue à partir d'aujourd'hui jusqu'au 27 juillet à Washington. Une rencontre de haut niveau qui rassemble, environ 25 000 participants issus des quatre coins du monde. L'occasion de mobiliser le monde scientifique, les pouvoirs publics, le secteur privé et les donateurs dans le monde pour accélérer les efforts de recherche et aboutir plus rapidement à un moyen de vaincre le sida, qui a fait 35 millions de morts depuis son émergence il y a 30 ans. Selon le Dr Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine pour la co-découverte du VIH à l'Institut Pasteur à Paris, «cette stratégie résulte d'un effort de collaboration entre 34 chercheurs qui a débouché sur une feuille de route pour faire avancer la recherche vers une guérison de la contamination par le VIH». «La science nous dit depuis un certain temps qu'il est désormais réaliste de pouvoir guérir l'infection du VIH et que le moment est venu de saisir l'occasion d'essayer de mettre au point un moyen de parvenir à une guérison», a ajouté Mme Barré-Sinoussi, future présidente de la SID. «Nous pourrions regretter de n'avoir jamais essayé», a estimé cette spécialiste . Ce nouvel optimisme dans la recherche pour guérir le sida s'appuie sur un certain nombre d'avancées scientifiques qui aident à mieux comprendre les raisons pour lesquelles le VIH persiste à l'état latent dans l'organisme des malades traités avec des antirétroviraux. Pour rappel, l'agence américaine des médicaments (FDA) a approuvé la semaine dernière la mise sur le marché de l'antirétroviral Truvada, premier traitement de prévention contre le sida, destiné aux personnes à risque, lequel devrait contribuer, selon les autorités, à réduire les nouvelles infections. Suivant une recommandation d'un comité d'experts, la FDA (agence qui supervise nourriture et médicaments) a approuvé cet antirétroviral, «afin de réduire le risque de transmission du virus du Sida à des sujets sains à haut risque d'être contaminés». Pris quotidiennement, le Truvada est destiné «à être utilisé à titre prophylactique avant un contact avec le VIH (virus de l'immunodéficience humaine), en combinaison avec des pratiques sexuelles sûres comme l'usage de préservatifs et d'autres mesures de prévention -dépistage régulier et traitement d'autres maladies vénériennes- pour empêcher la transmission du virus chez des adultes à haut risque». Le coût de ce traitement varie de 12 000 à 14 000 dollars par an. L'approbation du Truvada marque une étape importante dans la lutte contre le VIH. L'agence des Nations unies de lutte contre le Sida (Onusida) s'est félicitée de l'approbation par les Etats-Unis du 1er traitement préventif anti-Sida. Les scientifiques retrouvent espoir de trouver un jour un remède contre le sida. Les traitements actuels pourront un jour stopper le sida, prédit l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon le Dr Gottfried Hirnschall, responsable de la lutte contre la pandémie à l'OMS, «les percées dans la recherche et les progrès accomplis dans certains pays montrent qu'il est possible de vraiment faire des progrès pour intensifier la réponse et même commencer à envisager l'élimination de nouvelles infections». «Nous disposons d'un arsenal assez important de traitements à notre disposition», explique -il, avant d'ajouter que les antirétroviraux (ARV) actuels sont moins toxiques, plus efficaces et moins susceptibles de déclencher une résistance du virus que les précédentes générations. Les ARV ont sauvé environ 700 000 vies dans le monde en 2010. Il est bon de rappeler que l'on compte actuellement 26 ARV sur le marché, sans compter ceux qui sont encore au stade de la recherche clinique. «Ces médicaments permettent d'endiguer le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida chez les personnes contaminées» confirme le responsable de l'OMS. Les résultats de plusieurs essais cliniques récents montrent qu'il est bénéfique de commencer plus tôt les traitements ARV pour prévenir l'infection de personnes saines mais à risque. Chez les personnes déjà contaminées, cela permet d'intervenir avant que leur charge virale (nombre de copies du virus par millilitre de sang) ne soit trop élevée. Ces sujets restent ainsi en meilleure santé et présentent un risque moindre de contaminer d'autres personnes. L'utilisation des antirétroviraux comme prophylaxie «est une approche prometteuse qui va probablement devenir une intervention de choix pour certaines personnes n'ayant pas accès à d'autres préventions ou quand ces dernières sont difficiles à mettre en œuvre», a précisé cet expert . A. B. et Agences