À l'évidence, il reste encore un long chemin à parcourir et d'importants sacrifices à consentir avant que le consommateur ne devienne ce client-roi dont les droits seront reconnus et respectés par tous. En attendant ce jour où - adossé à un puissant réseau d'associations, réellement protégé par un arsenal juridique - il pourra dire NON! aux augmentations aussi intempestives qu'injustifiées, boycotter les produits ou les services, porter plainte en étant assuré d'être écouté et suivi…, en attendant ce jour-là, l'Algérien continue de subir le diktat des commerçants et d'essuyer la puissance des spéculateurs. Abandonné par des pouvoirs publics incapables de réguler le marché en se réfugiant derrière le fallacieux argument du respect de la liberté des prix, il est ainsi confronté à toutes les avanies sans d'autre choix que de se soumettre. Qu'il s'agisse de l'alimentation générale en ce mois de Ramadhan mais aussi de tous les autres secteurs qu'il est amené à solliciter (habillement, restauration, médecine, mécanique, plomberie, menuiserie…), l'Algérien n'a pas les moyens de faire valoir ses droits à un produit ou service de qualité. Combien se sont fait avoir par un peintre incapable, un maçon médiocre ou un mécanicien incompétent en ayant pourtant payé rubis sur ongle ? Et combien sont allés se plaindre chez les associations de protection de consommateurs ou devant la justice ? Les choses étant ce qu'elles sont, tout le monde sait que le consommateur ne dispose (presque) pas de recours et tout le monde en profite. Pourtant, cela peut prêter à rire mais les droits élémentaires du consommateur sont évoqués par la loi relative aux règles générales de protection du consommateur n°89-02 de février 1989 : il est déjà question du droit du consommateur à un produit de qualité, conforme aux normes, à la garantie et d'autres prérogatives supposées inaliénables. La loi 09-03 de févier 2009 contraint les intervenants dans les circuits commerciaux (producteurs, importateurs, vendeurs) à l'observance d'un certain nombre d'obligations destinées à «préserver les intérêts matériaux et moraux des consommateurs». C'est dire qu'en matière de textes de loi destinés à la protection des droits des consommateurs, l'Algérie est malgré tout bien lotie. Il reste à leur donner un prolongement sur le terrain, notamment la mise en place du réseau national électronique des associations de protection des consommateurs, l'installation de l'Agence nationale de protection contre les dangers de la consommation et du Conseil national de protection des consommateurs, l'adoption des trois décrets relatifs à la sécurité générale des produits, à la garantie et services après-vente et à l'étiquetage des produits. Ce qui n'est, certes pas, la partie la plus facile… S. O. A.