La population de Tizi Ouzou a toujours soif malgré une saison hivernale des plus riches en pluies (la région a connu même de graves intempéries), les richesses hydriques de la Kabylie et les assurances des responsables locaux et du ministère concerné sur la fin du cycle de la pénurie d'eau potable dans les localités de la wilaya. Là où la nature fait du bien et rend service à la population, le gestionnaire intervient pour tout fausser…Au printemps dernier, les responsables des ressources en eau de Tizi Ouzou étaient pressés d'annoncer que le remplissage du barrage de Taksebt était à 100% (le barrage avait atteint sa capacité maximale qui est de 181 millions de mètres cubes) comme s'ils avaient quelque chose à avoir avec la générosité de la nature. Parce que la pénurie d'eau potable a toujours dominé l'actualité quotidienne des habitants en pareille période chaude où le précieux liquide est logiquement très prisé. Avant et pendant l'existence du barrage de Taksebt qui dessert pourtant régulièrement plusieurs autres wilayas du centre. Au mois d'août dernier, des élus de Tizi Ouzou avaient attiré l'attention des tutelles locales sur le problème après une série de manifestations de la population qui dénonçait la persistance de la crise. «Aucune localité n'est épargnée par les protestations légitimes de la population afin de revendiquer leur droit le plus élémentaire, à l'alimentation en eau potable», écrivait l'APW de Tizi Ouzou après la vague de protestation anticrise d'eau prévoyant au passage qu'«au vue des discours rassurants de la direction de l'Hydraulique, tout laissait à croire que le problème a été définitivement résolu avec le raccordement avec le barrage Koudiat Auserdoune, pour la région Sud, Drâa-El-Mizan, Boghni, Tizi-Ghnif et Ouadhias (…) les mêmes engagements ont été donnés pour alimenter la Kabylie maritime, Ouagnoune, Azffoune, Tigzirt…, à partir du barrage Taksebt au plus tard le 30 juin 2011, or il s'avère que la réalité est plus dramatique, les robinets sont à sec». Et les robinets sont toujours à sec, plusieurs jours par semaine, dans la quasi-totalité des communes de la wilaya de Tizi Ouzou depuis le début de la saison chaude. Les raisons de la situation chaotique, hydrique ne manquent pas : «des ressources en eau se perdent au su et au vu de tous en raison de la vétusté et de la corrosion des conduites. Le réseau AEP est obsolète dans la majorité des communes sans que la direction concernée ne réagisse. La nappe phréatique de l'Oued Sébaou, une réserve naturelle stratégique pour la wilaya, continue d'être agressée en toute impunité». Reste l'explication politique à cette interminable pénurie et qui est à la portée des initiés pour balayer toutes les «contraintes» des responsables du secteur. Diversion ? Sur le terrain, la population ne cesse de crier sa colère. Durant la deuxième et la troisième semaine du mois de juillet, les habitants de quelques villages de la populeuse commune de Sidi Naâmane, à l'extrême sud-ouest de Tizi Ouzou, ont bloqué le siège de l'APC pour, notamment, demander de l'eau potable. Un exemple pour dire que tout peut priver les habitants d'accéder à l'eau, au mois de mars dernier, la partie sud de Tizi Ouzou était restée sans eau pendant des jours parece que les éléments du service de gardiennage des réservoirs d'eau avaient… coupé l'électricité au niveau du réservoir de Tizi Larbaâ à Draâ-El-Mizan (sud de Tizi Ouzou) pour protester contre des salaires impayés depuis des mois. Depuis le début de l'été en cours, l'actualité locale est ainsi souvent ponctuée par des actions spontanées de la population qui demande à être alimentée de façon satisfaisante en eau potable. Et quand certains observateurs affirment que ce n'est pas le manque de cette ressource dans les infrastructures de stockage qui crée la crise de l'eau potable à Tizi Ouzou, tout plaide pour les croire sur parole. A ce sujet, on a appris juste avant le début de cet été que la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié durant l'exercice de l'année 2012 d'une enveloppe financière de 970 millions de dinars «destinée au renforcement de l'alimentation en eau potable (AEP) de plusieurs localités» de la wilaya. «Des efforts» qui n'ont pas pour le moment l'impact voulu sur les besoins des habitants en eau potable. Parce que faibles, loin de la demande locale. Mais qui a dit que le grand barrage de Taksebt étanchera la soif des habitants de Tizi Ouzou? Retournera-t-on vers l'exploitation des sources naturelles de la région ?