La situation sécuritaire et humanitaire ne s'améliore toujours pas au Soudan, un an après l'indépendance de son frère-ennemi, le Soudan du Sud, accusé par Khartoum de soutenir les groupes rebelles opérant à la frontière entre les deux pays. Des affrontements réguliers ont lieu dans le Kordofan du Sud (sud du Soudan) entre les forces régulières de Khartoum et des rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm-Nord), la branche armée de l'ancien mouvement indépendantiste du Soudan du Sud, selon les médias locaux et les organisations humanitaires intervenant sur place. Hier, des informations ont fait état de la mort d'au moins 17 soldats soudanais dans les combats dans cette région dont une partie de la population veut rallier le Soudan du Sud. Les rebelles du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm-N) ont indiqué dans un communiqué que les combats avaient été provoqués par la mort de six civils dans une attaque des troupes gouvernementales contre des villages de cet Etat, dimanche, a repris le quotidien français, Le Figaro. «Les affrontements dans le secteur d'Al-Abbassiya ont fait 17 morts dans les rangs de l'armée», a précisé le texte du communiqué. Outre ces combats qui risquent de s'étendre à l'ensemble des provinces frontalières avec le voisin du Sud, les autorités de Khartoum sont confrontées aussi à la rébellion qui écume la région du Darfour. Le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) mène des attaques sporadiques mais souvent ciblées contre l'armée soudanaise, lui causant chaque fois des pertes humaines et matérielles importantes. Le régime d'Omar El-Béchir montre du doigt les autorités de Juba qu'il accuse, encore une fois, de soutien aux rebelles du JEM. Mais le Soudan du Sud dément tout soutien aux rebelles du JEM ou du Splm-Nord qui justifient leurs recours aux armes par la marginalisation de leurs provinces par Khartoum. Les populations de ces régions se sentent abandonnées par le gouvernement soudanais. D'ailleurs, des manifestations meurtrières ont eu lieu la semaine dernière dans l'instable région du Darfour, provoquant la mort de huit personnes et une trentaine de blessés. La manifestation a été déclenchée par l'envolée du prix des produits alimentaires, en raison de l'inflation galopante qui mine l'économie soudanaise et pourrait provoquer une vague de contestation à travers tout le pays, malgré la répression dont fait preuve Khartoum chaque fois pour faire taire les voix discordantes. C'est ce qui a été fait d'ailleurs au Darfour où les écoles ont été fermées par les autorités locales, sur ordre de Khartoum qui a déployé un impressionnant nombre de policiers dans Nayla, la capitale de l'Etat soudanais du Sud-Darfour. Omar El-Béchir tente de minimiser ce mouvement, assurant qu'il était «incomparable au Printemps arabe», ont rapporté les agences de presse. Par ailleurs et malgré les appels de l'ONU, Khartoum se refuse à toute reprise du dialogue avec Juba pour parachever le processus de paix, signé en 2005 et qui avait abouti, dans une première phase, à l'indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011. «Le gouvernement préfère qu'une telle rencontre au sommet intervienne à l'issue de bons préparatifs», a expliqué à l'agence officielle soudanaises, Suna, un porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, en réponse à l'invitation faite par l'Union africaine à Omar El-Béchir pour rencontrer, dans la journée d'hier, son homologue du Sud, Silva Kiir. A partir d'aujourd'hui, Khartoum et Juba risquent ainsi d'être frappés de sanctions de la part du Conseil de sécurité de l'ONU si les deux pays ne parviennent pas à régler leurs litiges, notamment la détermination de leur tracé frontalier final et la résolution de la question du partage des richesses pétrolières dont plus de trois quart sont situés dans le Soudan du Sud. L. M.