Serrer les importations, serrer les dépenses et encourager la production nationale. Ce sont là les principales orientations du gouvernement. Les orientations, tracées en juillet dernier par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion de la rencontre avec les maires, se précisent de plus en plus. Les raisons de ce resserrage sont induites, principalement, par l'implosion de la facture d'importation et par la crainte des conséquences de la crise financière internationale à moyen terme. Car, même si le chef du gouvernement persiste et signe que l'Algérie est pour l'heure à l'abri de cette crise, car étant déconnectée de la sphère financière mondiale, la situation pourrait s'inverser, notamment en raison de la baisse sensible des cours de l'or noir. Connaissant la dépendance de l'Algérie vis-à-vis des importations, les décideurs économiques ont jugé utile de resserrer les vannes. Le temps des importations tous azimuts est donc révolu après les nouvelles dispositions du gouvernement. Le holà a été mis avec le médicament, dont le marché obéit à de nouvelles règles. Lesquelles engendreront des changements dans l'intérêt de la production locale. Et ce, à travers l'interdiction d'importation de médicaments déjà fabriqués localement et de produits pharmaceutiques. Une décision, faut-il le noter, saluée par les professionnels du secteur qui ont toujours plaidé pour la régulation du marché du médicament soumis au diktat des importateurs, dont le nombre n'a cessé d'augmenter ces dernières années au détriment de la production locale. La même situation est à signaler dans d'autres secteurs sensibles de l'économie nationale. C'est le cas de l'agriculture, un créneau marqué également par des importations massives. La facture alimentaire, sans cesse en augmentation ces dernières années, démontre l'urgence de prendre des mesures de manière à diminuer les achats de l'étranger. Des achats qui s'effectuaient, dans un passé récent, sans aucun contrôle dans certains cas puisque de nombreuses défaillances sont là pour le rappeler dans ce cadre. En décidant d'octroyer à l'Office national du lait la mission d'importer les matières premières laitières et de les distribuer aux producteurs est déjà un pas. Et ce, d'autant que cette mesure a freiné de nombreux importateurs qui écoulaient leurs marchandises à des prix assez élevés. Aussi, les dernières dispositions prises par le département de Rachid Benaïssa visent à encourager la production nationale. En effet, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a indiqué mercredi dernier à Alger que son département prendra une série de mesures en faveur de plusieurs filières agricoles, notamment les céréales, la tomate industrielle et le lait, des produits importés à outrance. Il s'agit, selon le représentant du gouvernement, d'aller vers l'application des programmes d'intensification de la production dans ces filières, à commencer par la campagne céréalière et contribuer ainsi dans la réduction de la facture d'importation. Autre mesure prise par le gouvernement dans le cadre du contrôle des opérations d'importation, la mise en place d'un numéro d'identification fiscale (NIF) à généraliser avant la fin de l'année. En somme, ce sont des mesures qui répondent au concept de protectionnisme et de patriotisme économiques prôné par le chef de l'Etat. Faudrait-il souligner que ce dispositif nécessite un suivi rigoureux, connaissant la complexité de l'activité «import-import», laquelle a connu un essor important depuis 1995, date de la suppression du monopole de l'État sur le commerce extérieur. S. I.