Tripoli et Moscou sont, tous deux, favorables à la création d'une Opep du gaz. Une convergence de vues que le nouveau président russe et son homologue libyen, en visite à Moscou depuis deux jours, viennent de sceller par un accord dont le contenu semble être tenu secret. Les deux Présidents en ont peu parlé au cours de cette visite. L'accord en question s'inscrit en fait dans la lignée des ambitions de la fédération de Russie concernant l'organisation du marché gazier à l'échelle mondiale. L'idée d'une Opep du gaz, la Russie, au temps de Vladimir Poutine, y était déjà très favorable, enthousiaste même. Vladimir Poutine l'a ardemment défendue lors du dernier forum en date des pays exportateurs de gaz tenu à Doha. La Libye, l'Iran, le Qatar, le Venezuela en ont fait de même. Le projet d'une organisation du gaz à monter sur le modèle de l'OPEP a fait débat ces deux dernières années. Le projet dispose d'une assise politique et commence à gagner en importance. Reste cependant la faisabilité. Est-ce possible de créer une organisation qui ne s'occupe que de gaz, un produit dont les prix sont indexés sur ceux du pétrole et dont les contrats de commercialisation ont un caractère un peu particulier (le long terme). Cette question, nombre de pays gaziers se la posent, sans pour autant contester le principe d'une organisation du gaz. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a abordé cette question, en réitérant ce qu'il avait dit il y a quelques mois. Une Opep du gaz est un projet qui a eu l'appui «politique» de nombreux pays pétroliers et gaziers. Reste cependant que, du point de vue économique, les choses semblent difficiles au vu de la nature du marché gazier, dira Chakib Khelil. Le ministre de l'Energie et des Mines a, par ailleurs, souligné que, parce qu'indexés sur les cours du pétrole, les prix du gaz vont baisser au premier semestre 2009. Du coup, les recettes que l'Algérie tire des hydrocarbures vont diminuer. L'idée d'une Opep du gaz a été évoquée pour la première fois à Alger, à l'occasion de la signature d'un protocole d'accord entre le groupe Sonatrach et le géant russe Gazprom. Un protocole d'accord qui n'a rien à voir avec une Opep du gaz. Il permet aux deux compagnies pétrolières et gazières d'étendre leur champ de coopération et de partenariat. Seulement, des pays européens, pour lesquels l'Algérie et la Russie sont deux fournisseurs clés en matière gazière pour toute l'Europe, avaient vu dans ce rapprochement entre deux grandes compagnies une façon de vouloir créer un front pour influer sur les prix du gaz. Il n'en est rien. Que de spéculations. Y. S.