Si, de par le passé, le secteur du textile et du cuir a connu un grand essor, ce n'est pas le cas aujourd'hui. L'industrie du textile, sur laquelle les autorités avaient fondé un grand espoir, s'est effondrée au fil des années, surtout durant la dernière décennie. Les spécialistes et les observateurs les plus avertis déplorent l'état dans lequel se retrouve ce secteur, qui avait, entre autres objectifs, la fixation du personnel dans les différentes régions où l'investissement était réalisé. «Le secteur du textile s'est anéanti au fur et à mesure que l'économie algérienne se libéralisait», tel est, en résumé, le constat qui se dégage du milieu de cette industrie. Pour remédier à une telle situation, les pouvoirs publics n'ont pas cessé de procéder à l'élaboration de textes, pour la réorganisation tous azimuts du secteur. Pour ce faire, le Conseil des participations de l'Etat (CPE) avait approuvé, il y a quelques mois, la transformation des entreprises publiques économiques du textile, en deux grandes entreprises. Une entreprise publique économique par actions regroupant 7 entreprises dont le capital est détenu à 60% par l'entreprise de la chaussure et d'habillement relevant du ministère de la Défense et à 40% par la société de gestion des participations des industries de transformation. Cette entreprise produira les tenues des établissements militaires et autres corps constitués. La deuxième entreprise publique économique par actions comprend 16 autres sociétés relevant de la société de gestion des participations des industries de transformation dont la production sera consacrée aux besoins de la société. Selon le ministre de l'Industrie, de la Petite et moyenne entreprise, et de la Promotion de l'investissement, le nouveau programme d'investissement tracé par les autorités publiques pour développer le secteur public du textile vise à augmenter de 10 à 25% les parts du marché. Dans le cadre de ce plan, le secteur a bénéficié d'un assainissement financier estimé à 62 milliards de dinars, permettant ainsi la couverture du déficit bancaire, estimé à 57 milliards de DA, et les dettes d'investissement, estimées à 5 milliards de DA. Outre l'attribution de crédits bancaires bonifiés estimés à 23,5 milliards de dinars, des permis de transactions de gré à gré ont été accordés aux entreprises du secteur, en guise de mesures incitatives pouvant contribuer à la relance de l'activité de ce secteur vital, précise le ministre. Toutefois au-delà des «vertus» de ce plan de redressement, des insuffisances et des dysfonctionnements caractérisent l'industrie manufacturière algérienne. Les experts et les différents acteurs activant dans ce milieu ne manquent pas l'occasion pour mettre en exergue les différents problèmes que rencontre le segment. C'est le cas par exemple de ces exportations frauduleuses de la matière première semi-finie de l'industrie du cuir. Selon le SG de la fédération Ugta du textile «pas moins de 6 millions d'euros de cuirs ont été exportés vers l'Europe, alors qu'officiellement l'on ne parle que de 200 000 euros de recettes pour le même produit. Où est passée la différence ?», s'est interrogé M. Takjourt, lors de son récent passage à la Radio nationale. La même source a ajouté qu'il «est temps que l'Etat intervienne. C'est l'informel qui est encouragé par ces pratiques, sachant que ces peaux sont vendues sans facturation aucune et sortent, en général, de tanneries clandestines». L'autre dommage collatéral causé par ces exportations illégales est la perte par les transformateurs de 30% de leurs employés. Ayant tenu, il y a quelques temps une réunion, les membres de l'association nationale des tanneries et mégisseries algériennes ont déclenché la sonnette d'alarme pour sauver plus de 10 000 emplois (répartis entre les tanneries, unités de transformation et unités de fabrication d'habillement et de chausseurs) et éviter à ces unités de disparaître. Devant cet état de fait, cette association plaide pour l'interdiction, à l'instar de nos voisins tunisiens et marocains, de l'exportation de peau brute. S. B.