«Tourisme culturel». Voilà un concept qui dit bien ce qu'il veut dire. D'ailleurs, depuis plus d'une décennie, il constitue un segment à part entière qui bénéficie de stratégies propres pour l'exploitation des richesses culturelles et des biens patrimoniaux. Les tour-operators et les spécialistes l'ont développé parce qu'ils ont pris conscience que la culture en général et le patrimoine matériel et immatériel en particulier pouvaient représenter un «argument de vente» de poids pour leurs produits touristiques et, par conséquent, une source de revenus appréciable pour le pays qui saura les promouvoir. Les chiffres sont là pour dire l'importance et la valeur de ce tourisme spécialisé. Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) et l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le voyage culturel et patrimonial représentait 40% de l'ensemble du tourisme international en 2007 et 37% en 1995. Cette part a continué à augmenter au cours de ces dernières années avec la multiplication des offres commerciales ciblant des destinations culturelles. Tous les pays jouent à présent la carte du tourisme culturel en mettant en avant leurs patrimoines matériels et immatériels.Il est vrai que la définition du concept «tourisme culturel» comme offre spécifique et du visiteur comme catégorie de touriste définie cherchant l'élargissement de son horizon intellectuel par divers moyens touristiques, n'est pas aisée. Selon la définition qu'en donne Mme Origet du Cluzeau, docteur en économie, consultante internationale et spécialiste en tourisme culturel, dans un Que sais-je ?, le tourisme culturel est «un déplacement d'au moins une nuitée dont la motivation principale est d'élargir ses horizons, de rechercher des connaissances et des émotions au travers de la découverte d'un patrimoine et de son territoire. Par extension, on y inclut les autres formes de tourisme où interviennent des séquences culturelles. Le tourisme culturel est donc une pratique culturelle qui nécessite un déplacement d'au moins une nuitée, ou que le déplacement va favoriser».Mais dans les faits, le rapport entre culture et tourisme n'est pas toujours aussi direct. C'est souvent une offre a posteriori qui est faite au visiteur en voyage pour des motivations diverses (loisir, découverte, affaires,…). Toutefois, même si cette volonté consciente d'accomplir un voyage culturel n'est pas nécessairement et explicitement formulée par le touriste, «l'offre a posteriori», si elle est bien «emballée», pourra accrocher le visiteur, et même en faire son ambassadeur et promoteur auprès de ses concitoyens, une fois revenu au pays.Evidemment, la «vente» d'un site patrimonial obéit à des règles de marketing et d'organisation bien établies. Les spécialistes recommandent par exemple le développement du «tourisme créatif» qui offre au touriste l'opportunité de faire des petits stages d'initiations à des activités artistiques et culturelles (métiers d'artisanat d'art). Cette mise en immersion sera immortalisée par des photos et/ou des films vidéo qui seront autant de vecteurs de promotion. Le site devra aussi être doté d'une ou de plusieurs boutiques où le visiteur pourra acquérir des objets qui traduisent l'esprit et l'histoire du lieu. Ces souvenirs «matérialiseront» le voyage culturel et le touriste pourra les exhiber quand il en parlera à ses connaissances. La boutique, si elle est bien conçue et gérée, aura un apport financier substantiel pour le site ou l'établissement.Tout le monde connaît ces petites «Tour Eiffel» qu'on retrouve en vente aux alentours de ce monument. Ça sera des pyramides miniatures en Egypte, des tours de Pise en Italie, des tee-shirts, des tasses, des porte-clés… Et qu'est-ce que les sites patrimoniaux algériens ont ? Rien. À Sidi Fredj, le lieu historique par excellence, où a débarqué l'armée coloniale française, il n'y a pas la moindre boutique qui propose des illustrations du débarquement, des figurines de soldats français et ottomans, des maquettes du port à cette époque… La Casbah d'Alger n'est pas mieux lotie. On peut chercher longtemps, et vainement, ces échoppes d'artisans dont l'activité donnait son nom à la venelle qu'ils occupaient. Idem pour le reste des biens patrimoniaux qui, finalement, constituent tous une offre touristique a posteriori et, de plus a minima. La culture et le patrimoine cherchent encore et toujours leur place d'abord et leur lien ensuite avec le tourisme en Algérie. Dire qu'on parle de faire du tourisme un secteur économique stratégique ! H. G.