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Tourisme culturel : Cinq questions pour saisir sa portée économique
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Comme activité économique, il faut reconnaitre que le tourisme culturel est difficilement identifiable, économiquement et financièrement parlant. Ce n'est pas parce que les dépenses d'entrée aux sites culturels (musées et sites archéologiques) sont minimes, voire nulles, que le «touriste culturel» est un consommateur de second ordre.
Le tourisme comme facteur de rapprochement des cultures» est le générique choisi par l'OMT pour célébrer cette année la Journée mondiale du tourisme. Chez nous, c'est l'occasion pour se poser certaines questions sur le tourisme culturel. Ces questionnements sont importants dans un secteur où, à cause de sa marginalisation, les fausses idées reçues autour de son sujet se sont développées plus que la croissance de ses agrégats macroéconomiques.
Le tourisme culturel est-il une activité économiquement porteuse et rentable ?
Selon l'Unesco, «la culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.» A partir de cette définition, on se précipite à dire que les activités autour des objets culturels ont de rares chances d'être économiquement porteuses et rentables. Faux. Ce n'est pas le cas pour le tourisme culturel.
En effet, selon la définition de Claude Origet du Cluzeau, «le tourisme culturel est un déplacement d'au moins une nuitée dont la motivation principale est d'élargir ses horizons, de rechercher des connaissances et des émotions au travers de la découverte d'un patrimoine et de son territoire. Par extension, on y inclut les autres formes de tourisme où interviennent des séquences culturelles.» Ainsi, le tourisme culturel bien qu'il soit une pratique culturelle, il nécessite un déplacement d'au moins une nuitée hors de son environnement résidentiel habituel pour une période consécutive d'au moins une nuitée et qui ne dépasse pas une année se passant dans un hébergement privatif ou marchand de la destination.
Du coup, le consommateur du tourisme culturel influe dans les mêmes proportions, sinon mieux, que le consommateur des autres types de tourisme sur l'économie d'une destination et sur les économies touristiques des régions concernées.
Toutefois, comme activité économique, il faut reconnaitre que le tourisme culturel est difficilement identifiable, économiquement et financièrement parlant. Ce n'est pas parce que les dépenses d'entrée aux sites culturels (musées et sites archéologiques) sont minimes, voire nulles, que le «touriste culturel» est un consommateur de second ordre. Ce qu'il laisse à l'hôtel, dans les transports, autour d'un dîner thématique et dans les boutiques compense largement ce volet. L'image du mordu de la culture près de ses sous, bien qu'elle soit toujours là, ne domine plus le tableau depuis des années.
Le tourisme culturel est-il une nouvelle tendance ?
Selon une idée reçue, le tourisme culturel est un nouveau type de tourisme, et des pays enregistrant un grand retard dans l'économie touristique peuvent en faire un créneau pour rattraper le peloton, surtout que les «touristes culturels» sont moins regardants sur la qualité des prestations. Cette approche est fausse. En effet, si l'on excepte le tourisme religieux, il s'agit du plus vieux type de tourisme qui a existé dans le monde. Mieux, il semble que ce soit ce type de tourisme, assimilé à l'époque au tour à «Tour», que devraient faire les enfants de l'aristocratie pour parfaire leur éducation, qui a donné à cette industrie son appellation de «tourisme». Donc, il ne faut surtout pas croire, en 2011, que le «touriste culturel», consommant un «produit in» est moins regardant sur la qualité des prestations.
Les nouvelles tendances mondiales disqualifient-elle, le tourisme culturel ?
Si le tourisme culturel est aussi vieux que le tourisme tout court, les bouleversements sociaux, politiques et économiques que connaît la planète ne risquent-ils pas de le disqualifier au profit d'autres types de tourisme ?
Si l'on se réfère toujours aux travaux de Origet du Cluzeau qui reste l'une des références scientifiques en la matière, ces changements et mutations sont, à l'inverse, porteuses pour le tourisme culturel. L'apparition d'une nouvelle destination, même à une échelle locale, crée toujours de la motivation, aussi bien chez les assidus de la chose culturelle, que chez les occasionnels. Aujourd'hui, le marché émetteur des pays émergents se développe plus que la moyenne mondiale. A titre d'exemple, le touriste chinois fait rêver les stratèges de toutes les destinations réceptives. Ainsi, le tourisme culturel peut se ressourcer grâce à ces mutations que sont, entre autres, le développement de courts séjours, la fin des saisonnalités, la forte croissance de la clientèle de luxe et l'apparition des pays émergents…, toujours pour reprendre les travaux de Mme De Cluzeau.
Les flux touristiques détruisent-ils le patrimoine ?
Non, mieux, c'est le contraire. Jusqu'à un passé récent, la plupart des sites archéologiques en Algérie n'étaient ni gardés ni clôturés. Pire, des familles squattaient les lieux, les transformant en sites d'hébergement. C'est dans ces conditions qu'un trafic d'objets archéologiques a toujours existé. Ce dernier deviendra prospère depuis la fin des années 1990 avec le boom de l'Internet. Comme on le constate, le trafic de ces objets s'est développé durant la décennie où le pays ne recevait pas de touristes. La première conclusion est que ce n'est pas l'activité touristique qui est derrière le trafic du patrimoine du pays. La deuxième, est que c'est avec le retour des flux touristiques, bien que minimes, qu'on a commencé à s'intéresser à ce patrimoine et à sa préservation. Donc, une activité touristique développée participe à la création des conditions de protection de ces sites.
Les Algériens sont-ils prédisposés au tourisme culturel ?
La réponse est sans hésitation oui. L'indicateur reste l'essor des deux destinations que sont Istanbul et l'Arabie Saoudite (quitte à ne pas plaire à mes amis des Affaires religieuses algériennes).Depuis le début des années 2000, les Algériens partent en Turquie comme auparavant pour «le trabendo», certes, mais aussi pour découvrir les sites culturels de ce pays qui s'invite aussi dans la mémoire collective des peuples arabes par la politique et le cinéma.Pour l'Arabie Saoudite, et contrairement à certaines fausses idées, le rituel Omra ne dure que 2 heures. Une partie du reste du séjour d'au moins 15 jours, est dédiée aux ziarates, soit à la visite de lieux à forte charge historique, qu'aucun texte (Coran et Hadith) n'incite à visiter. Le nombre d'Algériens qui fréquentent ces deux destinations ne cesse de croître d'année en année. Une tendance qui peut expliquer une prédisposition chez l'Algérien pour le tourisme culturel interne.


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