Photo : Riad Par Samir Azzoug L'état des droits de l'Homme en Algérie est «peu reluisant», constate la Commission nationale consultative de la promotion et de la protection des droits de l'homme (Cncppdh) dans son rapport 2011. Selon le compte-rendu de l'APS dudit rapport, la commission accuse ouvertement l'administration dans ses différents échelons d'être la principale cause de cette défaillance. «La volonté politique pour ancrer les droits de l'homme dans la vie quotidienne des citoyens existe, mais, hélas, elle ne suffit pas face à une administration dirigée, aux différents échelons et dans une large mesure, par des personnes ‘‘pistonnées'', ‘‘imposées'' ou ‘‘cooptées'' qui sont au service de leurs propres intérêts et de ceux de leurs ‘‘bienfaiteurs'' et non au service exclusif du peuple», note le document de 169 pages élaboré par la Cncppdh. Relevant la rupture consommées entre l'administration et ses administrés provoquée par «les promesses non tenues et sans lendemain des représentants de l'Etat», les rédacteurs du rapport s'interrogent sur «l'existence d'un régime de sanctions, positif et négatif, à l'endroit des cadres de l'Etat». Ce constat général est étayé par les prises en charges inadéquates de plusieurs dossiers d'actualité relatifs aux droits de l'homme et de l'Etat de droit. S'agissant de l'hydre de la corruption qui mine la vie économique et le tissu social du pays, la Cncppdh observe que les fonctions de l'Etat «sont devenues une source d'enrichissement et un moyen de servir des intérêts privés.» Le rapport exhorte les pouvoirs publics à s'atteler «vraiment à une action de salubrité publique, qui ne sera pas une opération ponctuelle visant des comparses avec une parodie de justice et, qui concernera en premier lieu les pouvoirs public eux-mêmes». Dans ce sens, elle préconise «des sanctions exemplaires et dissuasives pour ne plus permettre aux corrompus de jouir du produit de la corruption après avoir purgé sa peine». La commission prône également l'indépendance de la justice, l'évaluation de la loi du 20 février 2006 relative à la prévention et la lutte contre la corruption ainsi que la limitation dans le temps des mandats des hauts fonctionnaires de l'Etat. Il faut que «les hautes fonctions dévolues aux cadres de l'Etat dans le domaine économique, administratif et sécuritaire soient limitées dans le temps (mandat) afin d'éviter toute appropriation de la fonction par ledit cadre qui conduit à toutes les dérives, notamment la corruption, et conforte l'intéressé dans sa conviction qu'il est la personnification de l'Etat», écrit l'APS. Sur le dossier sensible des disparus de la «tragédie nationale», la commission présidée par Farouk Ksentini souligne que la position adoptée par une «minorité de familles» qui refusent de s'inscrire dans la démarche tracée par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, «mérite le respect et la compréhension». Sur ce volet, la Cncppdh recommande «l'instauration par les pouvoirs publics d'un dialogue, dans un climat serein et apaisé, avec ces familles afin de produire à chaque famille l'ensemble du dossier relatif aux recherches entreprises par les différents services de sécurité relevant des départements ministériels en charge de l'Intérieur et de la Défense, sur la disparition de leur proches». Par ailleurs, le rapport 2011 de la commission dénonce la réponse coercitive et pénale à la problématique des Harraga; les conditions de déroulement de la détention préventive ; les obstacles qui freinent la participation sociale des personnes atteintes de handicap ainsi que l'insuffisance de la prise en charge de la lutte contre la violence faite aux femmes et la protection des victimes. Dans ce contexte, la Cncppdh appelle à une traduction réelle et effective des droits de l'homme en Algérie. «Le discours politique et les bonnes intentions, à eux seuls, ne suffisent pas, sans une réelle et effective traduction des droits de l'Homme dans les faits et dans la vie de tous les jours des Algériens et Algériennes.»