Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Après deux années de négociations, l'Algérie et l'Union européenne (UE) sont parvenues au report à 2020 du démantèlement tarifaire, prévu en 2017 dans le cadre de l'Accord d'association mis en œuvre en 2005. L'annonce a été faite jeudi dernier par le ministère des Affaires Etrangères dans un communiqué officiel. «Après plus de deux années de consultations, l'Algérie et l'Union européenne viennent de parvenir à un accord sur une révision du calendrier du démantèlement tarifaire de l'Accord d'association», a indiqué le communiqué. La même source a précisé que le nouveau calendrier «prévoit notamment un report jusqu'en 2020 de la levée des barrières tarifaires pour une large gamme de produits industriels importés par notre pays». Dans son volet agricole, l'accord stipule également «un réaménagement de certains contingents préférentiels de l'UE pour les produits agricoles et produits agricoles, transformés». Il s'agit de 36 contingents agricoles à l'importation par l'Algérie qui bénéficient de franchise de douanes, qui seront désormais supprimés ou réaménagés.Il s'agit donc de l'aboutissement d'un long travail entamé par l'Algérie en 2010 lorsqu'elle avait demandé de décaler de trois années le calendrier de démantèlement tarifaire des produits importés de l'UE afin de mieux préparer l'économie nationale et le tissu industriel à cette ouverture. L'Algérie avait également motivé sa demande par le besoin d'accorder une période supplémentaire aux entreprises algériennes afin de se préparer à la concurrence. Mais l'impréparation de l'économie n'est qu'une partie du problème puisque les pertes dues à l'entrée en vigueur de l'accord sont déjà considérables. Un déséquilibre flagrant est constaté en fait au niveau des échanges commerciaux entre les deux parties. Selon les Douanes, entre 2005 et 2011, les pays de l'UE ont exporté vers l'Algérie près de 100 milliards de dollars de biens et services, avec une moyenne annuelle de 20 milliards de dollars, alors que les exportations algériennes, hors hydrocarbures vers le marché européen, n'ont pas totalisé 5 milliards de dollars sur la même période. Des experts ont relevé aussi que la mise en œuvre de l'accord a causé un manque à gagner de 2,5 milliards de dollars annuellement.Le Trésor public a, lui également, enregistré des pertes estimées à 3 milliards de dollars, selon les déclarations du ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'Investissement, Mohamed Benmeradi. Toutefois depuis le gel du démantèlement, l'Algérie a pu réaliser un gain de 152 millions de dollars en droits de douanes depuis septembre 2010, selon les Douanes. Ce report à 2020 devrait permettre à l'Algérie d'éviter une perte de 8,5 milliards de dollars de recettes au Trésor d'ici à 2017, si elle avait maintenu en vigueur le démantèlement tarifaire des produits importés de l'UE, selon des estimations officielles basées sur une simulation avec une facture constante des importations en provenance de l'UE sur la période allant de 2010 à 2012.