La superproduction algérienne Zabana, dédié au parcours et au combat d'Ahmed Zabana, premier martyr guillotiné, sera enfin présenté en avant-première mondiale, jeudi prochain à 19 heures, à la salle El-Mouggar en présence du réalisateur, du producteur et des comédiens. Celle-ci sera précédée d'une projection pour la presse le 29 août à 10h. Le long métrage de fiction de Saïd Ould-Khelifa est coproduit par la société Laïth Média, l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et le Centre national d'études et de recherches sur le Mouvement national et la Révolution du 1er Novembre. Cette superproduction révèle aussi, pour la première fois au cinéma, le rôle joué par François Mitterrand, ministre de la Jstice à l'époque, dans cette affaire et l'exécution à la guillotine de plus de deux cents martyrs algériens.Pour rappel, il y a deux années, lors du premier tour de manivelle du film qui s‘est déroulé dans la ville natale du martyr, à l'occasion de la célébration du 56e anniversaire du déclenchement de la Guerre de la libération algérienne, le 1er novembre 1954, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, avait visité les décors des scènes intérieures installé à Alger. Ironie du destin : au moment où le ministre allait découvrir la réplique de la guillotine, la corde qui enserrait l'immense drap blanc la recouvrant s'est coincée deux fois, ce qui fera dire au ministre, très ému : «C'est l'histoire qui se répète, car, dans la réalité, le couperet de la guillotine s'est bloqué par deux fois lors de l'exécution du martyr Zabana.»Azzeddine Mihoubi, écrivain et scénariste, avait souligné a ce sujet que le tournage de cette séquence était un moment crucial du film mettant en exergue l'aspect juridique de l'acharnement des autorités françaises bafouant la loi selon laquelle le condamné doit être gracié si la guillotine coince par hasard au moment de l'exécution. Ajoutant que «La plupart des Algériens ne connaissent du martyr Zabana que par le fait qu'il a été le 1er guillotiné. Dans l'écriture du scénario, j'ai retracé son parcours de militant depuis son plus jeune âge ainsi que le déroulement du procès qui a eu un fort retentissement à l'époque. Il était aussi important de mettre en exergue les conditions de sa détention ainsi que celles de ses compagnons de combat et de cellule, à l'instar du martyr Ali Zammoum.»Le producteur de cette fresque historique, Yacine Lalaoui, avait, aussi, déclaré dans nos colonnes, à propos de ce projet qu'il a porté à bras-le-corps : «C'est en fait un prolongement de mon travail qui consiste à produire des films destinés aux jeunes. On oublie souvent que la révolution algérienne a été faite par des jeunes dont l'âge ne dépassait pas la trentaine. Cet aspect de l'histoire est le chaînon manquant dans la transmission de la mémoire sur la révolution algérienne. Ainsi, dans cette nouvelle production, il s'agit de montrer comment des jeunes de vingt ans ont pris la décision de défier le tout-puissant impérialisme colonial, français pour la liberté.»Pour les plus impatients, il est à noter que la bande annonce du film, des photos ainsi que des séquences vidéos sont disponibles sur le site officiel du film où l'on peut découvrir la puissance d'interprétation du comédien Imed Benchenni incarnant avec authenticité le personnage du martyr Zabana, lui redonnant vie sur grand écran, illustrant ainsi la vivacité de la jeunesse dans une Algérie libre et indépendante tel un échos à l'ultime cri lancé par Zabana sous la guillotine « Je meurs et l'Algérie vivra!». S. A.