Photo : S. Zoheir Par Amine Echikr Mohand Oussaïd Belaïd est certainement la surprise de ce gouvernement. Le virulent opposant à Abdelaziz Bouteflika a décidé d'accepter de gérer le délicat secteur de la communication, la feuille de route du président de la République et de quitter l'opposition. L'homme n'est pas très connu par le grand public. Pourtant, il sera l'une des vitrines du gouvernement Sellal, en raison des projets qui l'attendent comme l'ouverture du champ audiovisuel, de la publicité, la mise en place de l'autorité de régulation des médias, etc.Il n'est pas connu, non plus, comme étant un fervent démocrate. Il ne fait pas non plus parti de ces jeunes ministres que l'on attendait. Mohand Oussaïd Belaïd est né le 20 janvier 1947 d'une famille originaire du même village qu'Ahmed Ouyahia, Bouadnane, dans les monts du Djurdjura, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il est, selon sa biographie officielle, licencié en droit public international et certifié en sciences politiques de l'université d'Alger en 1971.Sa connaissance du secteur des médias et de la presse remonte à l'époque où il fut correspondant du quotidien régional en langue française An-Nasr, de 1965 à 1967, puis journaliste à la Télévision nationale, en 1968, et rédacteur en chef de la revue Echabab, organe central de la jeunesse du Front de libération nationale (Jfln), qu'il lança lui-même le 1er novembre 1969. Il occupera le poste de directeur général à l'agence Algérie Presse Service (APS) en 1981 et 1982.Par la suite, il entamera une carrière au ministère des Affaires étrangères, en qualité de directeur presse-information et porte-parole du ministère des Affaires étrangères de 1982 à 1983. Il a, en outre, été directeur du Centre algérien d'information et de la culture, à Beyrouth, entre 1974 et 1976, ministre conseiller auprès de l'Ambassade d'Algérie à Djeddah et représentant de l'Algérie auprès de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), entre 1986 et 1989. Après avoir été conférencier à l'Institut diplomatique de Mascate, Mohand Oussaïd a été nommé ministre plénipotentiaire au ministère des Affaires étrangères.Son parcours et sa vie professionnelle en avait fait un proche de Ahmed Taleb Ibrahimi, dont il a été le chef de la cellule de communication lorsque l'ancien ministre des Affaires étrangères s'est porté candidat contre Abdelaziz Bouteflika, en 1999. Il poursuivra l'œuvre de son ami et mentor, en défiant le président sortant en avril 2009 pour être candidat, lui-même, à la magistrature suprême. L'homme est décrit par les observateurs tantôt comme un «crypto-islamiste», parfois comme un «barbe-FLN», d'autres fois comme un «nationaliste conservateur». Personne en fait ne sait vraiment quelles sont ses orientations idéologiques, puisque son parti, le PLJ, «rassemble tous les courants de pensées» qui existent sur la scène politico-médiatique algérienne. L'homme qui a en charge le secteur des médias et de la presse écrite avait multiplié les déclarations sur le régime et les résultats des élections législatives de mai 2012. Le dimanche 13 mai à Alger, Mohand Oussaïd estimait que les «résultats des élections sont politiques et consacrent une logique de pouvoir qui ne renforce aucunement l'autorité de l'Etat et ne permet pas un jeu politique sain». Très déçu par les résultats de son parti (aucun siège ; Ndlr), le président du PLJ a expliqué que toutes les éventualités étaient possibles, y compris «celle de la dissolution du parti». Avant de lancer un avertissement au pouvoir : «Nous sommes en droit de nous demander jusqu'à quelle limite il est permis de ramer à contre-courant pour maintenir ce statu quo». «Beaucoup ont cru que le 10 mai allait constituer un tournant dans notre vie politique nationale. Force est de constater qu'ils ont été une nouvelle fois déçus», avait-il affirmé. L'ancien militant de la J/FLN était «convaincu» que l'ouverture annoncée «n'est qu'une mesure tactique qui ne reflète pas une volonté politique claire de consolider dans la pratique le processus démocratique». Et Mohand Oussaïd de se demander si ces élections et les réformes annoncées ne sont pas «une simple manœuvre destinée à absorber le mécontentement populaire face au laisser-aller, la corruption, l'impunité et la bureaucratie étouffante». Dans de récentes déclarations il a appelé les pouvoirs publics à «réserver le même traitement à tous les partis politiques en ce qui concerne le soutien matériel» et, probablement, médiatique. C'est sur ces chantiers-là que le nouvel allié de la majorité présidentielle sera attendu. Mohand Oussaïd Belaïd fera-t-il ce qu'il dit depuis 1999, ou appliquera-t-il le programme présidentiel ? Son affiliation au sérail plaide plus pour la seconde que pour la première option.