Photo : Sahel Par Amel Bouakba Avec 44 000 nouveaux cas par an, toutes formes confondues, le cancer est devenu, en quelques années, la principale cause de mortalité en Algérie. En plus des pénuries de médicaments, des traitements retardés à cause de l'indisponibilité des soins de radiothérapie, les malades font face à un manque terrible de personnel paramédical spécialisé. Les malades ne sont pas seulement victimes de la mauvaise gestion généralisée, de la négligence des autorités sanitaires mais également du laisser-aller qui règne en maître dans les hôpitaux publics. Le manque d'infirmiers spécialisés en oncologie a été d'ailleurs fortement relevé, récemment lors d'une rencontre qui s'est tenue à Oran, sur initiative des laboratoires pharmaceutique Roche Algérie. Il s'agit de la 1re rencontre nationale des infirmiers en cancérologie, qui a réuni quelque 150 participants, venus des quatre coins du pays. Les intervenants ont mis l'accent sur l'importance de ce genre de rencontres dédiées à la formation continue des infirmiers en oncologie et à l'apport considérable de l'infirmier en oncologie, dont le rôle est d'écouter, communiquer, et accompagner le patient tout au long de sa maladie, aussi bien en phase préventive, que curative et palliative, «d'autant que près de 75% des malades meurent à l'hôpital», déplore-t-on. D'où la nécessité de créer l'association algérienne des infirmiers en cancérologie, selon Mme Ouznaoui, infirmière spécialisée en oncologie médicale, au Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc). Elle regrette l'absence de formation au profit du personnel soignant en cancérologie et le manque terrible d'effectifs dans ce domaine. «Au Cpmc, il y a de cela quelques années, il avait 18 infirmiers en cancérologie, aujourd'hui, il n'en reste plus que 8, alors que le nombre de malades atteints de cancer ne cesse d'augmenter (plus de 150 malades par semaine)», affirme t-elle. Pour Sylvia Pinault, infirmière spécialisée en cancérologie et secrétaire générale de l'Association marocaine des infirmiers en cancérologie (Amic), il est primordial d'assurer une bonne formation et de bonnes conditions de travail pour permettre aux infirmiers en cancérologie de donner le meilleur d'eux-mêmes. Leur rôle demeure essentiel dans la réussite des soins. Toutefois, la formation continue est essentielle pour répondre aux exigences d'une pratique spécialisée. Ce qui fait cruellement défaut en Algérie. De même, les conditions de travail, souvent pénibles, font fuir les infirmiers de cette spécialité à fort potentiel émotionnel. Les infirmiers sont le plus souvent déroutés par des situations éprouvantes, comme les ruptures de traitements et de soins essentiels. Comme nous l'explique Samia Bouadjmi, jeune infirmière de 27 ans, qui exerce au service d'oncologie du CHU de Mascara, qui dit avoir choisi ce métier par passion. «Cela fait six ans que je suis infirmière en oncologie. Un choix que j'ai fait après avoir perdu mon père suite à un cancer», raconte t-elle. «Ce n'est certes pas facile, car les conditions de travail sont extrêmement difficiles», estime cette jeune infirmière. «Notre service a accueilli 800 nouveaux cas de cancer cette année, ce qui est énorme», dit-elle. «En plus d'êtres en contact permanents avec les malades en souffrance physique et mentale, nous sommes confrontés aux pénuries cycliques de médicaments. Ainsi, cela fait plusieurs mois que nous manquons atrocement de médicaments de chimiothérapie, sans parler le calvaire de la radiothérapie». Or, seule une amélioration des conditions de travail permettrait d'améliorer la prise en charge des malades atteints de cancer.