Le sommet de Kampala des Etats membres de la Conférence internationale des pays des Grands Lacs (Cirgl) s'est achevé, dimanche, sur une note d'espoir qui demeure toutefois insuffisante pour ramener la paix dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Outre l'envoi d'un contingent de 4 000 hommes dans le nord du Kivu, où opèrent les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) depuis la mi-avril, les membres de la Cirgl ont convenu de la création d'un centre régional conjoint de fusion des renseignements. Ceci sans oublier l'augmentation des contributions étatiques en faveur du Fonds d'assistance humanitaire. La RDC a versé 1 million de dollars, la Tanzanie 500 000, et le Kenya 500 000 également, selon Radio France international. Mais aucune date n'a été fixée pour la formation de cette force internationale neutre qui devrait être déployée à la frontière entre la RDC, l'Ouganda et le Rwanda pour isoler le M 23 et le contraindre à déposer les armes. Accusé de soutien financier et logistique au M 23, Kigali n'a pas considéré utile d'envoyer son Président, Paul Kagamé, qui a affiché son aversion pour l'idée de constitution d'une armée neutre intégrant des soldats hors du cercle de la Cirgl. Mais, au-delà de toutes ces questions, le déploiement davantage de soldats sur le terrain mettra-t-il fin aux violences en cours dans le nord du Kivu et dont les conséquences ont déteint sur la stabilité des pays voisins de la RDC ? De nombreux analystes considèrent que l'option militaire demeure une solution de courte et moyenne durées. Cela ne règle en rien les vrais problèmes de la RDC. Car, à observer de près la carte des rébellions qui ont semé la terreur dans le nord du Kivu ou ailleurs, à travers la RDC ou dans l'ensemble de la sous-région des Grands-Lacs, on comprendra vite que les solutions existent dans la gestion politique des évènements passés ou en cours. La primauté de l'esprit tribal, à l'origine de la première guerre du Congo au début des années 1990, qui a conduit au génocide rwandais, constitue une des bases du jeu politique en RDC, comme cela est le cas dans la majorité des pays du continent en butte à la même instabilité politique et sécuritaire. C'est au tribalisme qu'il faudra s'attaquer pour empêcher les multinationales, qui profitent de cette brèche pour soulever les tribus les unes contre les autres et piller tranquillement les ressources naturelles du pays, en corrompant les chefs avec un peu d'argent et de privilèges. La rébellion du M 23 ne déroge pas à cette règle, même si les raisons fournies par les responsables du mouvement sont, officiellement, d'ordre politique et économique. Le M 23 accuse le gouvernement de Kinshasa d'avoir abandonné le nord du Kivu à son triste sort, concentrant ses efforts de reconstruction de la RDC à la seule capitale et aux régions alentour. Sur le terrain, ce justificatif tient la route mais est-ce seulement le nord du Kivu qui ne suscite pas l'intérêt du gouvernement congolais ? Sûrement pas. Ceux qui ont décidé de déclarer la guerre au Président Joseph Kabila ont d'autres objectifs que celui de reconstruire la province du nord du Kivu, d'où est issu l'actuel chef de l'Etat de la RDC. Derrière leur rébellion, c'est l'autonomie politique et économique de la région qu'ils désirent arracher, pour piller dans l'illégalité ses richesses naturelles en l'arrachant à tout contrôle rigoureux des autorités de Kinshasa. C'est à ce niveau qu'intervient la responsabilité directe et indirecte de certaines multinationales et du Rwanda dans la poursuite des violences, ou la reprise des armes de certains groupes rebelles, près d'une vingtaine, dans le nord du Kivu. Plusieurs rapports d'ONG accusent des multinationales non seulement de pillage, mais également de fournir des armes aux différents groupes rebelles, qu'elles manipulent en jouant justement sur les susceptibilités et rivalités tribales et ethniques. Quant au Rwanda, Kigali n'a jamais caché ses velléités d'annexer la province nord du Kivu à son territoire pour les richesses naturelles qu'elle recèle. En résumé, la solution militaire peut s'avérer efficace à court et à moyen termes, d'autant qu'elle sera mise sous la responsabilité de la mission locale de maintien de la paix de l'ONU. Mais il faudrait repenser le système politique de ces pays et mener un travail en profondeur pour un changement de mentalité au sein de certains segments de la société congolaise. L. M.