Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili
L'étoile sportive Ali Mendjeli s'est investi cette dernière semaine dans la tenue d'une journée «Portes ouvertes sur la maladie d'Alzheimer». La rencontre s'est tenue à hauteur de la maison de jeunes de la nouvelle ville et a permis au Pr Hamri Mohamed, chef de service de neurologie au CHU Constantine de fournir à une assistance très studieuse et profondément captivée par son intervention des informations qui, à première vue paraîtraient anodines, renseignent, on ne peut mieux, sur une pathologie plutôt sournoise en ce sens qu'elle n'est pas sérieusement prise en charge par l'entourage de la personne qui en serait touchée.Le Pr Hamri que nous avons abordé en marge de la rencontre confirmera effectivement cette approche, «non pas que les proches de la personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ignorent ou négligent sciemment cette maladie dès la manifestation des premiers signes, mais juste qu'ils n'en savent rien d'abord et puis dans notre vie de tous les jours dès qu'un membre de la famille commence à en être touché il y a ce raccourci rapide qui veut que tout le monde pense que ce proche retombe en enfance, devient gaga et tout bonnement…divague». Sans être alarmiste, notre interlocuteur insistera sur le fait «que les pouvoirs publics auront tout intérêt à se pencher sur la maladie d'Alzheimer laquelle, précisera-t-il, a quand même été éclipsée par d'autres problèmes de santé publique considérés comme prioritaires à l'image des maladies transmissibles, cardiovasculaires. Toutefois, il faudrait se rendre à l'évidence que nous ne pouvons continuer à l'occulter en ce sens qu'elle se développe d'année en année». Le Pr Hamri expliquera au public que «la maladie d'Alzheimer qui est une maladie dégénérative n'est pas due obligatoirement au vieillissement. Elle est classée parmi les maladies chroniques mais dont les causes ne sont pas encore cernées à nos jours. Sa contraction peut-être la cause de maladies collatérales comme le diabète, la HTA, l'artériosclérose compte tenu des mécanismes vasculaires qui la caractérisent».Plus terre à terre et à l'adresse du public, il expliquera les risques que laisseraient peser la maladie sur tout individu mais aussi de ses proches en prenant un exemple plutôt inattendu mais toutefois approprié compte tenu justement du refus de la société et sa composante de regarder la réalité telle qu'elle est. Ainsi, le Pr Hamri donnera comme exemple celui «d'une personne, qui, n'identifiant plus ses proches et pour cause la rupture des mécanismes mnésiques peut-être la source de bien des risques…agression, inceste, etc.» «Statistiquement il existe une centaine de mille de personnes atteintes en Algérie. La maladie d'Alzheimer est beaucoup plus visible aujourd'hui parce que l'espérance de vie a nettement évolué, elle tourne autour d'une moyenne de 76 ans alors qu'elle n'était que de 48 à la fin de la guerre d'Algérie. Permettez-moi d'ailleurs de souligner que la tranche d'âge qui est touchée chez nous se situe entre 60 et 65 ans.» Quant au nombre de malades qui compterait la ville de Constantine, le Pr Hamri l'estime à «150 environ. Sauf qu'il est fort probable que des cas, en raison des pesanteurs sociales, restent tus par l'entourage qui considère cette maladie qu'ils ne connaissent pas comme une tare en l'assimilant arbitrairement à la…démence, ce qui est évidemment faux et grave. Quoi qu'il en soit, en l'état actuel, elle peut-être largement prise en charge par les moyens qui sont disponibles. D'ailleurs, elle n'exige pas autant de moyens que ne le laisse estimer la dimension qu'on lui donne et enfin, grâce à l'information tous azimuts, sa circulation et les moyens multiples qui y contribuent, les gens semblent prendre progressivement conscience de la maladie d'Alzheimer et au niveau de nos services nous remarquons régulièrement la présence de proches qui accompagnent un des leurs dans le but de connaître les raisons d'une pathologie dont les signes extérieurs leur échappent». Il y a lieu quand même de souligner l'initiative prise par l'association sportive «Esam» qui a su exploiter la commémoration de la journée mondiale de la maladie d'Alzheimer pour organiser cette rencontre.