Le Parti des travailleurs (PT) participera aux élections locales du 29 novembre prochain. Ainsi en a décidé le comité central du parti, à l'issue de deux jours de débats. La secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, qui l'a annoncé, hier lors d'une conférence, a indiqué que cette participation est stratégique, en ce sens qu'elle vise à défendre la souveraineté du pays contre l'ingérence étrangère, à sauvegarder le multipartisme contre la décomposition. Cela étant, Louisa Hanoune a, toutefois, précisé que par cette décision son parti «n'entend en aucune manière accorder un chèque en blanc au gouvernement ou aux organisateurs des élections».Dans d'autres circonstances, a-t-elle considéré, son parti aurait boycotté ces élections à venir, mais au regard de la situation marquée par des pressions étrangères exercées sur le pays, comme en témoigne la récente ouverture du dossier des disparus par l'ONU, qui n'est pas fortuite, a-t-elle fait remarquer, le PT a décidé de participer. D'ailleurs, soutient-elle, «au cours des débats, on a enregistré beaucoup de craintes au sein du parti, en raison du détournement de la souveraineté du peuple, et de la falsification des résultats durant les élections législatives du 10 mai». Ce qui fait redouter une forte abstention, d'autant que «le cadre législatif en vigueur n'a pas changé, et il n'y a aucune intention de le changer». Résultat : «Il n'y a pas d'engouement pour les élections.» Pis, «une nonchalance est même notée», soutient Mme Hanoune. Dans son analyse de la situation, la secrétaire générale du PT a indiqué que «l'agrément de nouvelles formations est un KO pour la démocratie en Algérie». L'augmentation du nombre d'«arrivistes et d'opportunistes» participe d'une entreprise de «décomposition de la scène politique», estime Louisa Hanoune, qui, en relevant que la majorité des nouveaux partis ne disposent pas de programmes, considère que ce sont des sortes de «nébuleuses qui ont été créées pour servir des intérêts personnels ou des milieux d'affaires». Louisa Hanoune épinglera au passage le parti TAJ, créé et présidé par Amar Ghoul, en s'interrogeant sur ses sources de financement. «Nous n'avons aucune illusion sur la nature du prochain scrutin, qui sera semblable au précédent, donc marqué par la fraude», a lancé la secrétaire générale du PT, avant de souligner que le devoir du président de la République est de prendre des mesures qui visent à restituer la confiance en l'acte de vote. Cela nécessite, selon Mme Hanoune, l'assainissement du fichier électoral, par l'élimination des doubles, voire triples, inscriptions, notamment des corps constitués, de permettre aux partis d'intégrer les commissions administratives, de clarifier le vote des corps constitués, l'annulation de la commission des magistrats, l'application stricte des cas d'incompatibilité de candidatures et du contrôle a priori, invitant le chef de l'Etat, ce faisant, à légiférer par ordonnance. Ces six conditions constituent «un test pour le gouvernement de M. Sellal», et «la question doit même figurer au cœur de son plan d'action», pour Louisa Hanoune. Pour autant, «il est attendu de ce gouvernement de rassurer la classe politique», a-t-elle dit, en répétant que ce même gouvernement «a d'énormes limites et montre des contradictions dans sa composante», qui renferme aussi bien «des compradores que des nationalistes». En somme, «un gouvernement patchwork», qui n'est «ni technocrate, ni partisan». Mais, est «le reflet de l'échec de ceux qui ont manipulé les résultats des élections législatives pour le FLN».